Monarchie fondée sur le rôle religieux du souverain, lequel est affublé du titre de commandeur des croyants, le Maroc, que d'aucuns pensaient être à l'abri de l'arrivée des islamistes au pouvoir, n'a pas tardé à emboîter le pas à la Tunisie, où le mouvement Ennahda de Rached El-Ghannouchi a remporté il y a moins d'un mois les élections de l'assemblée constituante. Pas besoin d'être devin pour se faire une idée du désarroi des responsables du gouvernement marocain, qui n'hésitaient pas à affirmer haut et fort à chaque victoire d'un parti islamiste dans un pays arabe que le Maroc ne risquait pas de vivre un scénario similaire, car il était différent. Les problèmes sociaux tels que le chômage et la pauvreté notamment, ainsi que l'absence de crédibilité des hommes politiques, ont fini par avoir raison des Marocains, qui préfèrent désormais déserter les bureaux de vote. Bien que le taux de participation soit un peu plus élevé que le lors du dernier scrutin avec 45% contre 37%, les abstentionnistes, un Marocain sur deux, sont toujours aussi nombreux. Mettant à profit ce phénomène, à l'instar de l'AKP d'Erdogan en Turquie et Ennahda en Tunisie, le parti de la justice et du développement (PJD), catalogué lui aussi comme islamiste modéré, a remporté le scrutin législatif anticipé décidé par Mohammed VI après l'adoption d'une nouvelle Constitution, dont l'objectif était d'éviter que le royaume ne soit contaminé par le printemps arabe. Vaine tentative du monarque alaouite, qui n'aura d'autre choix, nouvelle constitution oblige, que de nommer dans les prochains jours un Premier ministre islamiste. Le parti de ce dernier n'aura pas eu besoin d'une révolution pour prendre les rênes du pouvoir. Le Makhzen peut s'estimer toutefois heureux, car la victoire des islamistes marocains aurait été d'une plus grande ampleur n'eusse été les appels au boycott du mouvement de la même obédience, mais beaucoup plus radical aadl oua al-Ihsane de Cheikh Yacine et le mouvement des jeunes du 20 février. M. T.