Peut-on concilier entre la démocratie libérale et le nationalisme à l'ère des mutations internationales, pour répondre aux attentes des citoyens ? La réponse est affirmative, de l'avis de Abdelkader Mahmoudi, enseignant en sciences politiques à l'université d'Alger. “Je m'intéresse à la pratique démocratique dans les pays du Sud. Il y a des dysfonctionnements caractérisant le processus démocratique qu'il faut corriger, mais le processus est en marche”, a-t-il expliqué, hier, lors d'une conférence organisée au Centre de recherche des études stratégiques et sécuritaires (CRSS) de Ben Aknoun. L'auteur du livre Interview d'un candidat virtuel aux présidentielles algériennes (Sarl Dicom, 2010) a également justifié sa proposition relative à “la démocratie nationaliste” et la référence au nationalisme, en révélant que “pour nous Algériens, le nationalisme a été libérateur” et pourrait être “protecteur” dans le “contexte menaçant” actuel. Dans son exposé, l'animateur a averti d'emblée que sa théorie de “démocratie nationaliste” est au stade de réflexion, qu'il est venu seulement émettre “quelques idées” sur le nouveau concept. En fait, a-t-il précisé, “c'est pour attirer l'attention sur la nécessité de la démocratie”. Plusieurs constats ont été établis par l'invité du CRSS, parmi lesquels figurent le caractère “unipolaire” du système international actuel et l'idée selon laquelle “nous sommes encore victimes des idées proposées par le Nord” au lieu d'avoir nos “propres lectures”, voire nos “propres concepts”. “Si la bipolarité (après la Seconde Guerre mondiale, ndlr) avait permis des manœuvres pour le Sud, aujourd'hui ces manœuvres se sont rétrécies”, a observé M. Mahmoudi, non sans insister sur le fait que “le système international actuel est plus oppresseur, notamment sur le plan économique”. L'universitaire a, en outre, souligné le caractère “d'asservissement et d'assujettissement” de la relation entre les idées du Nord et les idées du Sud, rappelant à cet effet que l'Occident a revisité des concepts, à l'exemple de “la sécurité nationale” et “l'intérêt national”, donnant matière à la pratique du “droit d'ingérence” et obligeant les pays du Sud à se conformer aux directives des institutions internationales. Même la “bonne gouvernance” doit être revue, car elle a été conçue “pour répondre aux attentes du système international”, selon le politologue. Ce dernier, évoquant les changements intervenus dans des pays arabes, s'est permis “une explication psychologique”, soutenant que “le citoyen arabe, ballotté entre le passé et l'avenir et ne connaissant pas son passé, se révolte et casse le miroir”. Cette situation, d'après lui, est également le résultat de l'attitude des dirigeants arabes qui “cherchent une légitimité externe, oubliant la main tendue des gouvernés ou la légitimité interne”. Dans son analyse de la démocratie libérale, M. Mahmoudi a remarqué que des pays comme l'Algérie ont “emprunté” au Nord la “démocratie structurelle” (multipartisme, plurisyndicalisme…), en négligeant complètement la “démocratie fonctionnelle”, productrice d'idées et qui “éclaire le chemin”. Résultat, “le multipartisme est stérile et défaillant”, a noté l'orateur, précisant, par ailleurs, que le système électoral actuel permet au citoyen du Sud de “voter, mais pas de choisir”. Le nationalisme produit-il le sentiment démocratique ? En tout cas, M. Mahmoudi le croit vraiment, d'où l'idée de “démocratie nationaliste” qui, selon lui, vient préciser “la souveraineté nationale et populaire”. Mais, à l'état actuel des choses, tous ces concepts doivent être approfondis et confrontés à la réalité. H A