Résumé : C'est décidé. Nazim s'engage entièrement auprès du chirurgien afin de subir des opérations réparatrices qui lui permettront de retrouver un visage humain. Une seule formalité le préoccupe pour le moment : le coût d'un tel engagement. Mais le Dr Lyes ne semble pas en tenir compte. Le médecin l'interrompt encore une fois : - Le Dr Nabil m'a parlé de toi en termes élogieux… Je sais que tu vas reprendre pied si tu retrouves un visage. Nous aurions tout le loisir de reparler de ça lorsque tu te sentiras mieux dans ta peau. Nazim allait répliquer, mais le médecin ne lui en laisse pas le temps : - Je serais heureux de pouvoir t'aider, Nazim. Tu ne peux imaginer mon bonheur, à chaque fois que je viens en aide à des mutilés qui ont perdu tout espoir et toute envie de vivre. Dans ces moments-là, tu crois que je pense à ce que cela pourrait me rapporter ? - Oui… mais vous venez de préciser que la clinique demande un entretien qui… - Et tu crois que je n'ai que toi sur le billard ? Il se met à rire : - Tu auras l'occasion de découvrir un autre monde dans cette clinique. Un monde hétéroclite. Je ne fais pas de l'esthétique uniquement pour des cas qui en nécessitent réellement. Il y a des clients qui viennent chaque année pour des retouches… je veux dire pour des petites opérations qui leur font oublier leur âge. J'ai même rencontré des femmes qui piquent des crises d'hystérie rien qu'à la vue d'une ride. (Il rit). Elles ne sont pas les seules d'ailleurs. Nous avons même des hommes âgés qui refusent de vieillir. Ils sont si susceptibles devant leur glace qu'ils n'hésitent pas à dépenser les économies de toute une vie pour se faire retaper le visage… Et j'en passe. Il y a des filles qui rejettent leur physique… un nez proéminent, des joues trop rebondies, des lèvres trop minces, des yeux étroits... Ce genre de clients dépensent sans compter. Ils ont les moyens et peuvent se permettre des extravagances. C'est dans des cas comme ceux-là que j'exige le paiement à l'avance et même un cautionnement. Mais dans des cas comme le tien, je tente plutôt de "repêcher" mon malade… Le mot patient dans de tels cas, requiert toute sa signification. Nazim se lève. Il était ému par les dires du médecin. Ce dernier était un homme de cœur. Il n'en doutait plus. - Docteur… vous êtes non seulement un génie, mais un grand homme. - Je ne suis ni l'un ni l'autre mon fils, j'ai prêté serment pour venir en aide à mes semblables et je ne fais que mettre à leur disposition mon piètre savoir. Il soupire et poursuit : - Pour des raisons de service, je te demanderais de me remettre une photo de toi avant l'accident. Il serait impératif pour moi de te soumettre tout de suite à une prise de plusieurs clichés, afin que je puisse travailler sur des croquis et des moules…. Oui…Je vais mouler ton visage afin d'essayer de pratiquer des opérations plus nettes. Je veux dire, des sculptures qui te rapprocheront plus de ton premier aspect. Nazim prend une photo d'identité qu'il contemple un moment, avant de la remettre au médecin. - Bien… je vois que tu étais un très bel homme… Tu le redeviendras bientôt, et pour toujours… fais-moi confiance. Il appelle sa secrétaire et lui donne les instructions requises afin que tout soit prêt au moment opportun. (À suivre) Y. H.