Les changements de régime dans les pays arabes qu'on ne peut pas encore qualifier de révolutions font chavirer la tête des démocraties “avancées”. C'est le même scénario qu'ont vécu les pays de l'Est après la chute du Mur de Berlin, à la différence que ces pays ont été rapidement intégrés dans l'espace européen, avec des fortunes diverses. Concernant les pays arabes dont les indépendances ont été appropriées dès le départ par des familles, clans ou institutions, tout changement qui pourrait intervenir ne peut être que le bienvenu, sauf qu'on oublie que le soubassement fondamental dans ces pays est l'islam, religion mais aussi organisation sociale qui a toujours essayé de prendre en charge le volet politique. Les prières pour un changement sont adressées plutôt au Tout-Puissant qu'aux partis d'opposition luttant pour un changement éclairé. Les partis politiques se réclamant de la religion se battent en terrain déjà balisé puisqu'ils placent la religion au centre de leurs promesses quand ils ne s'en servent pas pour d'autres buts que le bien-être des citoyens. Cet amalgame peut s'avérer être très dangereux, d'autant que des penseurs, théoriciens et hommes politiques étrangers décident à la place des concernés qu'un “islam modéré” est la solution pour les pays arabes. Ils rapprochent imprudemment cet euphémisme à la Turquie d'Erdogan, sachant pertinemment qu'il ne peut être fait aucune comparaison. D'abord, la Turquie a comme fondement la laïcité, que l'armée veille sur la République de façon constitutionnelle, que ce pays est au cœur de l'Europe et qu'il est membre de l'Otan. Notre pays, qui a servi de laboratoire aux apprentis-sorciers de tout bord, dans les années 1990, a cru en cet islam modéré dont les tenants aussitôt arrivés dans le périmètre du pouvoir ont montré, sans attendre, leurs véritables intentions, comme celles de nous faire changer les tenues vestimentaires où de cloîtrer la femme au foyer pour libérer des postes de travail aux mâles. Islam modéré, dites-vous ? On ne l'a pas rencontré en Algérie. O. A. [email protected]