Alors que des combats font rage aux portes de Damas, le Conseil de sécurité examine depuis hier à New York, le plan de paix de la Ligue arabe. La partie est serrée. Le sort des Syriens se joue lors des tractations diplomatiques une nouvelle fois en cours à New York. Tractations autour d'un texte qui, dans sa version actuelle, reste insuffisant aux yeux des manifestants Syriens. Car, pour eux, l'important n'est pas le départ d'Assad mais bien celle du régime de tortionnaires dans son ensemble. Le secrétaire de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, et le Premier ministre du Qatar, cheikh Jassem al-Thani, ont réclamé l'adoption du plan arabe pour stopper le bain de sang en Syrie, alors que la répression du soulèvement populaire contre le régime de Bachar el-Assad a fait plus de 5 500 tués en dix mois. La Ligue arabe prévoit qu'Assad remette ses pouvoirs à son vice-président, Farouk al-Chareh, un sunnite, comme trois quarts des Syriens, alors que le président syrien appartient à la minorité alaouite. Farouk al-Chareh devrait élargir le nouveau gouvernement aux opposants et conduire le pays à des élections libres, les premières depuis la conquête du pouvoir par le père de Bachar, Hafed al-Assad, en 1963. La France, la Grande-Bretagne et les Etats unis tentent de forger une majorité au sein des 15 membres du Conseil de sécurité en faveur d'un projet de résolution entérinant ce plan, porté par le Maroc. Les diplomates de ces trois pays tablaient hier dans la journée sur au moins dix votes. La France de Sarkozy donne l'impression de vouloir en découdre, comme en Libye. “Il est temps pour la communauté internationale de s'unir, notamment en adoptant une résolution au Conseil des Nations unies cette semaine, pour faire comprendre clairement au président Bachar al-Assad et à son régime que la tuerie doit cesser”, n'a cesse de marteler le ministre français des AE, soulignant que “la Russie ne peut plus continuer à bloquer les Nations unies et à couvrir la répression brutale menée par le régime”. Problème : la Russie peut à tout moment opposer son veto. Moscou a déjà bloqué une résolution sur la Syrie en octobre. Les Russes refusent de sanctionner un allié stratégique, la flotte russe dispose, depuis 1971, d'une base permanente dans le port méditerranéen de Tartous. Et c'est le dernier marche-pied des Russes dans la région. Mardi, Moscou cherchait à gagner du temps, en proposant d'accueillir des discussions informelles entre Damas et les opposants. Offre acceptée par Assad, mais rejetée par le Conseil national syrien, vaste coalition de l'opposition, dont le président, Burhan Ghalioun, participe à l'offensive diplomatique à New York. Et puis, il n'y a pas que le veto russe, les Chinois, qui se sont opposés jusqu'ici à toute résolution condamnant Damas, ont qualifié le dernier texte de la Ligue en discussion d'inacceptable. Ils continuent de faire de la résistance, malgré Les derniers développements en Syrie. En effet, tandis que le jeu des coulisses s'enflamme au sein du Conseil de sécurité, la violence se déchaîne sur le terrain, où l'on recense au moins 300 morts depuis samedi. Les combats de rue se produisent désormais dans la banlieue est de Damas, à 8 km de la capitale. Mais c'est à Homs que la répression reste la plus sanglante. L'armée de Bachar utilise l'aviation dans plusieurs quartiers de la ville. Des affrontements meurtriers continuent d'être aussi signalés à Deraa et Idlib. Le ministre syrien des AE a encore affirmé que la Syrie “continuera à se défendre contre le terrorisme” et a accusé les Etats-Unis et l'Occident de vouloir semer le chaos. Mais, maintenant, tout le monde connaît le point de chute de Bachar al-Assad lorsque viendra son heure. Et non seulement sa chute est inéluctable mais elle est proche. On ne peut pas impunément bombarder et tirer des chars sur sa population. La présence militaire a été décuplée à Damas où seul le centre est épargné par les manifestations et la répression. D. B