Jamais élections législatives n'auront pris autant d'importance aux yeux du pouvoir alors qu'elles sont connues pour être les moins courues, sauf pour certains candidats prêts à mettre le prix pour peu qu'on les affuble du titre de Monsieur le député. La législature, qui vient d'achever son mandat, a existé malgré un taux de participation très bas et s'est illustrée par son obéissance à adopter des textes, surtout les dernières lois formant le package des réformes, malgré les propositions nombreuses et les amendements salvateurs déposés auprès des commissions. Certes, le parti d'Abou Djerra Soltani a préféré s'abstenir, pensant accroître son audience pour l'échéance de mai, l'air du temps étant à “l'islamisme modéré” que boostent les Américains et les Européens, et ce, malgré les informations qui nous parviennent de chez nos voisins tunisiens, égyptiens et libyens. Aussi, ces appels des autorités, faits au citoyen pour accomplir son devoir électoral, suffiront-ils à convaincre l'électeur à se rendre aux urnes ? Certains y croient, même si la méthode manque de rigueur et ceux qui en font l'appel manquent de crédibilité. Cette façon de se rappeler du citoyen, plus objet que sujet, rappelle la période socialiste où l'Etat décidait pour tout le monde. Malheureusement, cet état fort d'hier, même s'il était injuste aussi, a laissé place, aujourd'hui, à une administration obsolète, sans vision d'avenir, gérant au jour le jour des dates dont l'importance lui échappe et les arrière-pensées aussi. On connaît la date des élections mais pas encore les desiderata des partis en lice, surtout les nouveaux, pas encore nés officiellement sur l'état civil d'une liste déjà longue. Question : de quelle couleur sera la prochaine assemblée ? Quid de la suite sur le terrain des réformes annoncées, même insuffisantes ? Le dosage prendra-t-il compte de la percée des islamistes à nos frontières sans rééditer les années rouges que seuls les Algériens connaissent, eux qui en gardent encore les cicatrices. Le citoyen veut simplement une visibilité. Quant au choix, il saura certainement le faire quand il se trouvera devant l'urne et se rappellera peut-être le prix que lui a coûté l'abstention des années 90 et celle catastrophique de cette législature qui s'en va sans laisser de regrets. O. A. [email protected]