Résumé : Nedjma avait décroché son bac avec succès. Elle est surprise le jour de la remise de diplôme de se voir remettre le sien par “son professeur”. Elle opta sans hésitation pour une licence en mathématiques puis devint au bout de cinq années enseignante dans un lycée. L'élu de son cœur, elle ne l'avait pas revu depuis cinq ans ! Pourtant, un jour… Je ne rêvais pas ! Il était bien là, devant moi, avec son air de jeune premier et son sourire narquois : -Alors comment vas-tu ? - Bien et toi ? - Aussi bien que toi pour ne pas dire beaucoup mieux. Je le regardais d'un air qui en disait long sur ma curiosité : - Si c'est le cas, tu dois donc nager dans le bonheur. - Eh bien figure-toi que c'est le cas, depuis que je suis rentré du Sud… C'est-à-dire depuis cette semaine. Et ce qui ne gâche rien, c'est que je n'ai pas eu besoin de te chercher… Tu es là ! On dirait que tu m'attendais. Je rougis. Je suis certaine qu'il avait remarqué mon air excité et mon agitation. Je réprimais tant bien que mal cette envie qui me poussait vers lui. Cette envie de lui dire que j'étais la plus heureuse des femmes sur terre, puisqu'il était là et que moi je le cherchais depuis des lustres. Mais je n'eus pas besoin d'aller plus loin, car il m'entraîne tout bonnement à l'écart du reste des invités et m'embrassa sur le front, avant de me retenir, car j'avais tout bonnement perdu tout contrôle sur moi-même. - C'est la deuxième fois que je t'embrasse, et c'est la deuxième fois aussi que tu perds les pédales. Aurais-tu le syndrome de la romance, ou dois-je tout simplement prendre ça pour de la timidité ? Je respirais difficilement. Mustapha avait-il tout deviné ? Ou bien savait-il dès le début que j'étais follement amoureuse de lui ? Si c'était le cas, pourquoi n'avait-il rien fait pour se rapprocher davantage de moi et mettre fin à mes tortures qui avaient duré de longues années ? Je ne pus répondre à sa question… Je restais là, plantée devant lui à le dévorer des yeux. Il sourit et reprend : - Nedjma, tu es une femme épatante… Une femme que j'aimerais connaître davantage. -Heu… Moi aussi, finis-je par balbutier. Si tu savais… - Oui… Quoi… ? - Oh… Je ne sais quoi te dire au juste, ni comment m'exprimer, alors que je me suis préparée à cette rencontre depuis de longues années. Il me regarde amusé : - C'est vrai ? Aussi longtemps que ça ? Je hochais la tête et ma langue se délia d'un coup : - Tu ne peux pas imaginer ma souffrance et ces longues nuits où le sommeil me fuyait… Je n'avais qu'une seule pensée, une seule… Celle de te revoir et de t'avouer… de te dire crûment que je suis folle de toi. Je me mordis la langue… Mais trop tard. Le coup était parti. Je n'aurais jamais pensé que je pouvais être aussi loquace et effrontée dans un moment où la parole pouvait me trahir. Mais la parole m'avait trahie. J'ai tout déballé. J'ai vidé mon cœur et mis à nu mes états d'âme. J'étais comme une marionnette entre ses mains. Il savait tirer sur les ficelles de mon cœur, transpercer mon âme et lire en moi comme dans un miroir. Il sourit et met en exergue la blancheur de ses dents et l'éclat de ses yeux. Je me sentais défaillir. Prête à le suivre en enfer s'il le fallait. (À suivre) Y. H.