Bloquée au niveau du Conseil de sécurité, l'ONU se retourne vers son Assemblée générale pour condamner symboliquement la répression sanglante du peuple syrien par le régime de Bachar Al-Assad, qui a nié catégoriquement les accusations de crimes contre l'humanité. L'Assemblée générale des Nations unies doit se prononcer ce soir sur un projet de résolution condamnant la répression, quelques jours après le blocage d'un texte similaire au Conseil de sécurité. Il s'agit d'une résolution soutenue notamment par de nombreux pays occidentaux et arabes, dont l'adoption est très probable, mais avec une portée essentiellement symbolique. L'un des enjeux de ce vote à la portée symbolique sera de voir si “ce nouveau texte recueille plus ou moins que les 133 voix (sur 193 pays membres) recueillies par la première résolution” adoptée le 19 décembre 2011 par l'Assemblée pour dénoncer les violations des droits de l'homme en Syrie, a expliqué un diplomate. Répondant aux accusations portées lundi par la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, qui avait estimé que “la nature et l'étendue des exactions perpétrées par les forces syriennes indiquent que des crimes contre l'humanité ont vraisemblablement été commis”, le ministère syrien des Affaires étrangères a “catégoriquement” rejeté mardi les accusations de “crimes contre l'humanité”. Mieux, Damas a accusé la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme d'être “manipulée par certains pays qui veulent nuire à la Syrie et qui ignorent les crimes terroristes commis par les groupes armés”, rejetant “catégoriquement” dans une lettre à l'ONU ses accusations de crimes contre l'humanité. Mardi, au total 23 personnes, dont 18 civils et cinq soldats de l'armée régulière, ont été tuées en Syrie par les forces du régime ou lors de combats entre déserteurs et militaires, a rapporté l'OSDH. Dans la ville rebelle de Homs, le régime a lancé son assaut le plus violent sur la “capitale de la révolution” dans le centre du pays, pilonnée sans répit depuis des jours, faisant six morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Devant le Parlement européen, un jeune opposant syrien a appelé les Occidentaux à “cesser de parler et à agir” pour Homs, où, selon lui, les troupes du régime “mettent en joue n'importe qui” dans les quartiers insurgés. “Les soldats kidnappent femmes et enfants, violent des femmes et les tuent. Il s'agit de crimes contre l'humanité (...) Il n'y a que cinq médecins pour soigner les blessés”, a déclaré Danny Abdul Dayem, surnommé “la voix de Homs” pour ses vidéos et ses témoignages télévisés en direct. Face à l'aggravation de la crise, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a annoncé mardi que Paris allait créer un fonds d'urgence humanitaire pour la Syrie doté d'un montant d'un million d'euros, après une rencontre avec des ONG impliquées dans ce pays. Les condamnations se succèdent sans qu'une véritable issue pointe après onze mois de contestation populaire réprimée dans le sang, au prix de plus de 6 000 morts, selon des militants. La chancelière allemande Angela Merkel a évoqué de nouvelles sanctions européennes contre Damas, affirmant que l'Union européenne soutenait la “position ferme” de la Ligue arabe. Profondément divisée sur la Syrie, la communauté internationale étudie la proposition d'une force de paix avancée dimanche par la Ligue arabe. Après avoir mis en garde contre toute action “à caractère militaire”, la France a annoncé vouloir étudier avec ses partenaires de l'ONU “toutes les options mises sur la table par la Ligue arabe”, y compris celle d'envoyer des Casques bleus en Syrie, selon la diplomatie française. Moscou a exigé un cessez-le-feu et Washington souligné qu'en l'absence de paix, une telle initiative était compliquée. M T