Au FLN, l'heure est à la confection des listes de candidatures. Hier soir, une première réunion devait se tenir à l'hôtel Mouflon d'or pour un premier tri des 3 400 dossiers de candidatures. Il faut dire que pour le parti majoritaire dans le Parlement sortant, ça se bouscule au portillon. Pas moins de 3 400 candidatures, dont 119 femmes pour 462 sièges prévus dans la future Assemblée. Il sera difficile d'arbitrer entre tous ces prétendants, notamment les indéboulonnables, pour qui personne ne pourrait garantir le succès du FLN en dehors d'eux. Ces derniers sont prêts à tout, y compris à compromettre les chances du parti, s'ils ne se retrouvent pas, comme toujours, en tête de liste dans leurs régions respectives. La tâche de la direction du parti sera d'autant plus ardue que les redresseurs comptent, eux aussi, se présenter aux législatives, comptant sur les cadres et sur la base du vieux parti. Une complication de plus pour le parti de Belkhadem, qui sait qu'il aura à affronter plusieurs adversaires à la fois en mai prochain et qui voudrait, sinon préserver son statut de premier parti au Parlement, du moins, limiter les dégâts. Et comme, pour mieux compliquer la chose, les ministres les plus en vue du FLN veulent tous se présenter en tête de liste à Alger. Les Harraoubia, Louh, Ould-Abbès, pour ne citer que ceux-là, aspirent à briguer un siège dans la très convoitée capitale. Or, l'actuel président de l'APN était tête de liste du parti à Alger et compte s'y représenter. Face à ce dilemme, Belkhadem aurait choisi de renvoyer les ministres vers leur wilaya d'origine (Annaba, Aïn Témouchent et Mostaganem). Pour Alger, si consensus il y avait, au sein de la direction autour de la candidature de Ziari à Alger, le problème serait réglé, sinon, ce serait Belkhadem en personne qui serait tête de liste du parti à Alger. Mais, au-delà de cette “bataille d'Alger”, c'est le sort du vieux parti qui est en train de se jouer, à travers cette complexe et ô combien sensible opération de choix des candidatures. Le parti, secoué depuis plus d'une année, par un mouvement de dissidence, a perdu, et risque de perdre, un nombre important de ses cadres et de ses militants. Cela ne semble pas inquiéter, outre mesure, le patron du parti qui leur préfère des “hommes d'affaires” d'un nouveau genre. Seulement, ces cadres et ces militants, rompus à l'activisme sur le terrain, pourraient causer la déroute du FLN lors des législatives, en se présentant sur des listes indépendantes ou sous la casquette d'autres partis. Ensuite, le fait de reconduire les mêmes têtes, à chaque élection exaspère grandement la base militante, qui le fait comprendre. Comme ce fut le cas à Sétif où la candidature de Belayat a été remise en cause par la base. Beaucoup de cadres et militants du FLN ne veulent plus servir de faire-valoir à des pratiques révolues. Il y a des députés éternels, des maires éternels, des ministres éternels. Pour le commun des Algériens, l'image du FLN est associée à ces figures qui squattent leur poste depuis l'Indépendance. Evidemment, nouvelle loi électorale oblige, les listes électorales devraient comprendre des nouveautés, avec un dosage de femmes et de jeunes, certainement inscrits en bas de listes, pour agrémenter de vieilles copies. Le choix du FLN de miser sur les ministres et les anciennes figures est une arme à double tranchant : elle peut lui permettre de bénéficier des soutiens locaux indispensables dans ce genre d'élections, comme elle peut se retourner contre lui et le décrédibiliser. Car, en face, il y a ses adversaires de l'intérieur, ses anciens alliés, mais surtout les partis islamistes qui ne jurent que par la victoire. A B