La visite du président de la République, à partir d'aujourd'hui, à Oran, au-delà de son caractère commémoratif et symbolique, est la première sortie officielle après son dernier discours où il a appelé les Algériens à aller voter en masse. En point de mire, des législatives presque anticipées, dont la date a été annoncée par Bouteflika, le 11 février dernier, au cours d'un discours “surprise” où il convoquait le corps électoral sans un mot pour les victimes des intempéries de février. Pour beaucoup d'observateurs, le chef de l'Etat, en se déplaçant à Oran à l'occasion de la double date du recouvrement par l'Algérie de sa souveraineté sur ses hydrocarbures et de la création de l'UGTA, devra certainement appuyer son appel télévisé pour le 10 mai à travers un meeting populaire. Abdelaziz Bouteflika, qui a à cœur la réussite de ces élections, donnera de sa personne pour mettre les législatives sur les rails et appeler la population à se mobiliser davantage pour éviter les taux d'abstention habituels. Dans cette optique extrapolatrice, on assistera sûrement à un discours présidentiel centré sur les élections et accessoirement sur le secteur de l'énergie. Un avis partagé par Tayeb Mahiaoui, le sénateur FLN d'Oran, qui estime que le Président fera un discours dans ce sens en évoquant les législatives du 10 mai puisque c'est l'actualité nationale. La dernière visite de Bouteflika à Arzew remonte à 2009 où il avait prononcé un discours aux accents de campagne présidentielle avant l'heure et annoncé des mesures en faveur des salariés qui constituent le principal réservoir électoral du pays. Devant un parterre de travailleurs de la zone industrielle de cette ville de la pétrochimie, des syndicalistes de l'UGTA, à leur tête Abdelmadjid Sidi-Saïd, des membres du gouvernement et des responsables et élus locaux, le président-candidat s'était engagé, à l'époque, à revoir à la hausse le salaire national minimum garanti. Trois ans plus tard, c'est à la veille d'un autre rendez-vous électoral que cette visite oranaise aura lieu même si, selon certaines sources, elle était programmée pour septembre ou octobre. Quoi qu'il en soit, et si discours il y a, il portera principalement sur la tenue des élections quand on sait que les différentes analyses développées après sa sortie cathodique du 11 février convergent vers l'implication personnelle du chef de l'Etat, comme pour signifier à l'opinion nationale et internationale, l'importance d'un tel scrutin. En annonçant la date des élections, il n'avait pas manqué de rappeler que cela entrait dans le cadre de son discours du 15 avril 2011 où il s'était engagé à entreprendre l'approfondissement du processus démocratique et à asseoir les assises de l'Etat de droit. Avec le boycott du RCD et la position du FFS qui ne s'est pas encore prononcé, les législatives, malgré l'ouverture du champ politique avec l'agrément de plusieurs nouveaux partis politiques, le Président soulignant “une pluralité sans précédent”, seront sous la loupe des capitales occidentales et le moindre faux pas est à exclure. Si d'aventure le FFS venait à lui aussi décider de boycotter ce rendez-vous, il est fort à parier que le 10 mai sera frappé d'une grande suspicion nonobstant l'appel de Bouteflika aux observateurs internationaux pour surveiller le scrutin, comme preuve supplémentaire garantissant la transparence du vote. Il avait annoncé, en décembre dernier, avoir chargé le gouvernement d'engager, sans délai, les démarches requises auprès de la Ligue des pays arabes, de l'Union africaine, de l'Organisation de la Conférence islamique, de l'Union européenne et des Nations unies pour inviter toutes ces organisations à dépêcher de manière significative leurs observateurs aux prochaines législatives. S O