Des législatives, sous l'ère du président Bouteflika, il y en a eu deux : en 2002 et en 2007. Pour ces deux consultations, il s'en était tenu à une sorte de minimum syndical, se limitant à convoquer le corps électoral pour refiler en quelque sorte après le mistigri aux partis politiques et à l'administration pour prendre en charge le reste de l'opération. Pour le rendez-vous du 10 mai prochain, qu'il qualifie de “pierre angulaire” du processus politique qu'il avait impulsé lors de son discours du 15 avril 2011, il marque un changement radical dans son attitude. Les observateurs avisés de la scène l'auront constaté. En effet, c'est une première que de voir ainsi le président de la République monter en première ligne pour défendre ces élections. Ses élections. D'abord en s'adressant à la nation dans un discours pour annoncer la date du scrutin. Et en choisissant ce format de communication directe avec les citoyens, le président Bouteflika entendait visiblement donner à la fois de la solennité et de la gravité à l'annonce. Puis en adressant deux messages successifs à l'ONM et à l'UGTA. Dans les jours qui viendront, il y a fort à parier que le chef de l'Etat trouvera bien d'autres occasions pour marteler son message. Cette montée au créneau inédite du président Bouteflika en faveur des prochaines législatives se veut comme une garantie, voire comme une caution à la fois morale et politique de sa part quant à la régularité et la transparence des opérations de vote le 10 mai prochain. En “mouillant” ainsi le maillot en faveur de ces élections, le Président cherche à donner des gages de bonne volonté. Primo, pour convaincre les sceptiques échaudés par les issues rocambolesques des précédentes consultations électorales. Lui-même les avait d'ailleurs qualifiées, il y a quelques jours, d'“élections à la Naegelen”. Façon de s'en démarquer et de laisser entrevoir pour l'avenir de nouvelles mœurs plus conformes aux standards démocratiques. Secundo, pour envoyer aussi un signal à la communauté internationale qui va suivre à la loupe le rendez-vous du 10 mai. Surtout qu'il intervient après “les Printemps arabes”. En s'impliquant ainsi personnellement, le président Bouteflika entend manifestement réussir ces élections pour sortir de la scène politique par la grande porte, au crépuscule de son parcours. Réussira-t-il à convaincre ou n'est-il pas trop tard ? O. O.