L'auteur était présent à l'Institut italien d'Alger, avant-hier, pour présenter son ouvrage de photos, mais surtout pour lutter contre l'oubli des coutumes ancestrales qui sont en voie de disparition. La Commedia dell'arte, ce genre théâtral italien populaire où les acteurs portent des masques, à l'exception des personnages amoureux, a fait son apparition dans la société algérienne depuis des siècles. De nombreuses populations, dans les quatre coins du pays, célèbrent des fêtes à travers des rites et des coutumes, où la cérémonie rime avec déguisement et musique jusqu'à l'aube. L'artiste plasticien Mustapha Nedjai est revenu sur les traditions des habitants de la région de Beni Snous, à Tlemcen, à travers son beau livre Ayred, Enneyer chez les Beni Snous, Tlemcen : Aux origines du théâtre, paru aux éditions Dalimen, l'auteur était présent à l'Institut italien d'Alger, avant-hier, pour présenter son ouvrage de photos, mais surtout pour lutter contre l'oubli des coutumes ancestrales qui sont en voie de disparition. “Les photos ont été prises en 1991. À l'époque, il n'y avait pas de subvention. Lors de la manifestation “Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011”, j'ai profité de l'occasion pour demander une subventions au ministère de la Culture”, a indiqué Mustapha Nedjaï. La découverte de ce rituel à Beni Snous, qui reste méconnu jusqu'à présent, représente une belle aventure pour cet artiste. “Avec le réalisateur Noureddine El-Hachemi, nous étions partis à Tlemcen pour faire du repérage pour un tournage. Alors, Alloula nous a parlé de cet endroit, et là fut la surprise”, a-t-il signalé. D'ailleurs, les deux acolytes étaient retournés pour réaliser un documentaire. “El-Hachemi voulait y retourner pour son documentaire, et j'ai profité de cet évènement pour prendre mes photos”, a-t-il dit. Dans le but de plonger le public dans l'univers envoûtant de cette région de l'ouest algérien, le documentaire de Noureddine El-Hachemi, produit en 1991, sur Le carnaval d'Ayred de Beni Snous a été projeté dans la salle. À la fin de l'année, à Khemis (Beni Snous), le village est en effervescence. Tout le monde se prépare à l'évènement : la célébration d'Enneyer (nouvel an solaire). Les préparatifs ont lieu des semaines durant avant le jour J. Des offrandes sont pratiquées dans le village, la viande est distribuée gratuitement à tous. Quant aux femmes, elles tissent les tapis et préparent le festin, mais elles doivent démolir leurs foyers pour le reconstruire avant l'Enneyer. En parallèle, les hommes confectionnent secrètement leur déguisement en peaux de mouton et leurs masques “pour ne pas être reconnus le jour du carnaval.” Une bonne ambiance règne, les festivités se déroulent dans la joie et la bonne humeur. Le coup d'envoi de ce carnaval est donné par la lecture de la fatiha, et la fête commence. Pendant trois jours non-stop, les hommes défilent en interprétant plusieurs mises en scènes de 9h à 2h du matin. “Le dernier jour s'exécute devant le marabout de Sidi Salah pour demander la bénédiction et une année prospère.” Concernant les croyances et le but de ce carnaval, le docu explique que cette manifestation est seulement divertissante. Elle date de la période antéislamique, mais seules les coutumes ont été gardées, pas les croyances. À ce propos, Mustapha Nedjaï a expliqué que “c'était très conflictuel à cause du vote de 1991. Il justifiait leur carnaval par rapport à la religion.” Et d'ajouter : “Ce sont des fêtes païennes, qui ont un rapport avec la nature.” En outre, le documentaire était une “reconstitution jouée par de grands comédiens, le tournage a été fait à Boussaâda”, a-t-il souligné. L'auteur de ce beau livre a insisté sur “la conservation de ce folklore, car c'est notre identité algérienne. Il faudrait que les historiens et les écrivains s'y intéressent. Ces cérémonies relèvent du Théâtre dell'arte.” H M