Résumé : Nedjma sermonna son mari et, dans sa colère, prononça le nom de Nassima. Mustapha raccrocha et ne revint que dans l'après-midi. Il menaça de s'ouvrir les veines, et elle tentera de l'en empêcher. Mais peine perdu. La jeune femme perdit connaissance et tombe du haut de son balcon. Elle perdit le bébé mais aussi… Je gardais le silence un moment en passant ma main à travers les multiples sutures et les pansements qui me couvraient pratiquement tout le corps. J'avais une fracture à la jambe, une autre au bras, une troisième au bassin. Mais cela ne semblait pas m'inquiéter outre mesure. Ce que je craignais le plus, c'était de ne plus avoir un visage ou de devoir vivre avec un visage strié de cicatrices. J'attendis… j'attendis de pouvoir me lever pour m'approcher de la grande glace qui surplombait le lavabo de ma chambre, et ce fut l'horreur ! Je ne me reconnaissais pas ! Nedjma se met à sangloter et se jette dans les bras de Nazim : - C'était affreux ! Il la tint serrée contre lui. Il comprenait… Il comprenait très bien ce qu'elle a dû ressentir… Il avait déjà vécu cette horrible révélation… Et lui c'était bien pire ! - Je sais… je sais, finit-il par prononcer. Je ressens amplement ta souffrance. Elle continuait de pleurer et il poursuit : - C'est fini maintenant… Le cauchemar est terminé. Je t'assure que tu es très belle même avec cette coquine cicatrice qui te barre la joue gauche… On dirait juste une décoration… Heu… Je ne sais comment te dire… Heu… je crois que j'ai déjà vu ça sur des statuettes grecques. Elle relève la tête, le regarde, puis éclate de rire : - Tu as le mot pour dénouer les pires situations Nazim… Moi une statuette grecque ? - Je n'ai pas dis ça… Je parlais de ta cicatrice. - Oui, je sais… Mais figure-toi que les cicatrices que portent les statuettes grecques sont celles que des mains criminelles ont tracées. - Mais c'est le même cas pour toi… Elle porte la main à sa joue et acquiesce : - Si tu voyais mon visage à ma sortie de l'hôpital ! - Chut... ! Ne dis rien. Je te connais avec un visage très beau. Je ne vois pas la nécessité de remuer le couteau dans la plaie… Tu as vécu de rudes moments. N'y penses plus. Le passé est enterré… D'ici quelque temps le dernier souvenir de cette malheureuse expérience disparaîtra définitivement. Elle hoche la tête : - D'après le docteur Lyès, dans un mois, deux tout au plus, on n'y verra que du feu. - Tu vois. Et moi donc qui n'en suis encore qu'à mes premiers soins. Elle passe une main apaisante sur son bras : - Cela ira bien, j'en suis sûre. Toi aussi tu t'en sortiras. Tu sais bien que le temps est le plus grand guérisseur. Tes cicatrices finiront elles aussi par se colmater et tu auras un visage… Peut-être pas comme celui que tu as perdu, mais tout de même un visage. Elle soupire : - Je t'ai embêté avec mon long récit n'est-ce-pas ? - Pas du tout… Tu me trouves plutôt désolé pour ce qui t'arrive… Des salauds de l'espèce de Mustapha méritent d'être guillotinés. Ils sont bien plus nombreux que tu ne le penses. Nedjma hoche la tête : - Oui, je l'ai appris à mes dépens. Le jour finissait. La jeune femme se lève et tendit sa main à Nazim : - Rentrons, il se fait tard. C'est bientôt l'heure du dîner et… et puis tu devrais profiter d'un maximum de repos avant ta prochaine opération. (À suivre) Y. H.…