La faiblesse de la coordination intersectorielle fait que le marché désorganisé lamine pendant cette période le pouvoir d'achat de la majorité des citoyens. Le ramadan bouclé, les services de l'état vont, comme à l'accoutumée, oublier la nécessité d'organiser le commerce intérieur caractérisé par une grande anarchie et de préparer, dès aujourd'hui, le prochain carême. À moins que le temps de la fuite de responsabilités soit révolu. Récapitulons ce qui a caractérisé le ramadan 2003. D'abord, la flambée des prix de la viande et des produits les plus prisés pendant la période : tomates, courgettes, petits pois, poivrons. À l'origine de cette envolée des prix qui lamine le pouvoir d'achat de la majorité des citoyens, la réponse offre et demande ne suffit plus à expliquer ce phénomène récurrent. Il y a un dysfonctionnement grave du marché avec la domination de l'informel sur les transactions les plus massives. Du coup, la loi de l'offre et de la demande ne joue plus. Puisque l'essentiel des ventes s'effectue en dehors des enceintes commerciales légales. Ce qui constitue une énorme évasion fiscale. Pareille carence influe sur les prix. Si le marché était organisé - le commerce par les circuits normaux, tous les intervenants identifiés la hausse des prix serait beaucoup moindre. Il y aurait peu de spéculations. Ensuite, les innombrables infractions à la réglementation pendant le mois sacré montrent que de nombreux commerçants sans foi ni loi profitent de l'occasion pour réaliser de gros profits à n'importe quel prix. Cela va de la viande hachée présentée de façon irrégulière, une offre de produits non conformes ou impropres à la consommation, la rupture de la chaîne du froid aux arnaques : vente de la viande d'âne, d'agnelle, de l'ovin et de poulet provenant directement d'abattoirs clandestins. Selon nos informations, les services de contrôle du commerce étaient sur le pied de guerre. Les agents ont travaillé les week-ends et les soirées, se déplaçant souvent par leurs moyens de transport, en un mot, en bus ou en taxi. Cela a valu de nombreuses oppositions à la fonction de contrôle par des commerçants, des agressions à l'arme blanche. Dans ces cas, la sécurité n'était pas assurée, pourtant dans des espaces publics très fréquentés. Ces agressions commises dans un climat d'insécurité peuvent démotiver les agents. Par ailleurs, le comportement de certains consommateurs n'arrange pas les choses. On a injurié des contrôleurs pour avoir verbalisé des bouchers qui vendaient de la viande hachée congelée, interdite parce que dangereuse pour la santé. Mais malgré ses efforts, les consommateurs subissent toujours le diktat d'une bonne partie des commerçants. Le contrôle ne joue plus son rôle dissuasif. Les lenteurs de la justice et les peines encourues sont si soft que ces commerçants ne craignent guère les contrôles. N. R.