Alors que les opérateurs identifiés sont à l'arrêt depuis trois ans, des exportateurs étrangers établis en Algérie et des contrebandiers s'adonnent librement à cette activité, engendrant un manque à gagner de 500 à 700 millions de dollars par an pour l'économie nationale. Les exportateurs de déchets ferreux et non ferreux ne lâchent pas prise. Après avoir frappé à plusieurs portes et lancé des cris de détresse qui n'ont toujours pas eu d'échos, les exportateurs et récupérateurs de déchets ferreux et non ferreux ont décidé de prendre leur destinée en main pour défendre eux-mêmes leurs intérêts. Quoi de mieux que de se renforcer et de s'organiser pour constituer un seul front et surtout un front fort et représentatif qui aurait du poids face aux redoutables différents partenaires officiels. Pour ce faire, le Comité national des exportateurs a tenu, hier, le congrès constitutif de sa nouvelle fédération. La Fédération nationale des récupérateurs et exportateurs de métaux ferreux et non ferreux affiliée à l'UGCAA est née hier, à l'hôtel Essafir, en présence de nombreux opérateurs représentant 29 wilayas. Invités, les représentants des départements du Commerce et des Finances n'ont finalement pas répondu à l'invitation. La conjoncture actuelle a voulu que ce soit un autre “récupérateur” qui s'invite aux travaux du congrès. Il s'agit du FLN qui, par la voix d'un de ses représentants, Abdelkader Mecharbek, est venu annoncer le soutien du FLN à cette catégorie d'opérateurs et à toutes les actions menées par l'UGCAA. “La stabilité de toute société passe par la stabilité de son secteur commercial”, note l'orateur. Evidemment, il n'est pas question de rater cette opportunité, voire de ne pas politiser l'événement. Un appel pressant à la participation au vote y sera lancé dans la foulée. Pour le représentant du FLN, “50% des contraintes des opérateurs sont levés avec cette nouvelle fédération et le reste le sera par la suite et avec le soutien du parti”. Pour revenir à la nouvelle fédération, les nombreux participants au congrès constitutif ont été unanimes à dire qu'il est désormais temps, voire urgent d'ouvrir un dialogue pour débattre avec les autorités compétentes des solutions et des alternatives aux nombreuses contraintes et conséquences liées au gel des exportations des déchets ferreux et non ferreux. “Nous pensions que ce n'était qu'un gel temporaire, mais le facteur temps a démontré que c'est bel et bien une interdiction et non une suspension momentanée”, nous dit Ahmed Chenine, vice-président de l'ex-comité. Et de révéler : “Cette mesure discriminatoire, qui a basculé 300 opérateurs et plus de 40 000 personnes au chômage, a également privé l'économie nationale de pas moins de 500 à 700 millions de dollars par an.” Il dénoncera le fait d'avoir été encouragé par les responsables du commerce à activer dans le secteur via des coopérations avec des pays étrangers et aujourd'hui, on nous lâche alors que nous avons des contrats qui n'ont pas été honorés. Selon les propos de nombreux opérateurs, “des opérateurs étrangers libanais, syriens et palestiniens exportent à partir de l'Algérie. D'autres opérateurs algériens activent, nous ne savons pas comment ils font”. Plus gave encore, la contrebande bat son plein aux frontières, alors que des opérateurs qui ont des registres du commerce entassent leurs matériaux dans des parcs qu'ils doivent payer. “Nous n'avons aucune rentrée d'argent ; par contre, nous avons des dépenses. Tous nos partenaires nous doivent de l'argent. Et nous ne savons quoi faire.” Il faut savoir que même l'exportation de lingots en métaux est bloquée par la douane, alors que le ministère du Commerce a autorisé cette activité. “La douane et le ministère du Commerce se renvoient la balle. Et nous, nous sommes à l'arrêt.” Certains opérateurs proposent une autorisation d'exportation des stocks existants qui s'élèvent à des millions de tonnes pour pouvoir payer les dettes et changer d'activité. D'autres sont pour l'ouverture des exportateurs et l'application stricte des lois. “Que celui qui est pris la main dans le sac soit puni. S'il y a des fraudeurs, il faut appliquer la loi et non pas pénaliser les autres”, note le SG de l'UGCAA, qui hausse le ton en soutenant qu'“il est inconcevable d'avoir un registre du commerce et de ne pas pouvoir activer. Il faut reprendre les exportations. S'il faut une grève générale, nous la ferons”. La menace de recourir à des actions de protestation d'envergure n'a pas été écartée par toute l'assistance. “Nous allons nous concerter sur les meilleures formules de protestation, notamment une marche vers la DG des douanes.” Forts de leur nouvelle structure et du nouveau parrain politique, les opérateurs comptent se mobiliser pour arracher ce qu'ils considèrent comme étant un droit qui, pour l'heure, n'est accordé qu'aux contrebandiers et aux étrangers. M B