L'AIEA a blâmé hier l'Iran pour son programme nucléaire mais sans traduire Téhéran devant le Conseil de sécurité de l'Onu ni ouvrir la voie à des sanctions internationales, a annoncé un porte-parole de l'Agence internationale de l'énergie atomique. “La résolution est adoptée par consensus”, a déclaré Mark Gwozdecky, porte-parole de l'agence onusienne, confirmant les propos d'un diplomate occidental. Le texte de compromis entre Américains et Européens, rapidement adopté hier matin par les 35 gouverneurs de l'AIEA, stigmatise Téhéran pour avoir manqué à ses obligations de non-prolifération en développant secrètement, et pendant près de vingt ans, un ambitieux programme nucléaire. Mais la résolution, présentée par la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne et à laquelle les Etats-Unis ont fini par se rallier, ne prévoit pas de saisine immédiate du Conseil de sécurité de l'Onu, ce dont Téhéran ne voulait pas entendre parler. Le texte précise cependant que “si de nouveaux manquements iraniens devaient être découverts, le conseil des gouverneurs se réunirait immédiatement pour examiner, au vu des circonstances et sur avis du directeur général, toutes les options à sa disposition”, dont une saisine du Conseil de sécurité. Une telle démarche ouvrirait la voie à des sanctions internationales. Le représentant iranien à l'AIEA, Ali Akbar Saléhi, a de son côté, confirmé l'engagement de l'Iran à accepter des inspections poussées et inopinées de ses activités : “Nous nous sommes engagés à signer le protocole additionnel (au Traité de non-prolifération) et c'est ce que nous allons faire”, a-t-il dit mais sans donner de date de signature. Les travaux du conseil des gouverneurs, l'organe exécutif de l'AIEA, avaient été suspendus vendredi après deux jours de réunion à Vienne en vue de tractations entre la ligne dure des Etats-Unis et celle des trois Etats européens prônant la coopération avec les Iraniens. Washington accuse Téhéran de préparer secrètement l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil. Le chef de la diplomatie américaine Colin Powell, qui avait eu des discussions orageuses la semaine dernière avec ses homologues européens à Bruxelles, les a chaleureusement remerciés mardi pour le compromis finalement réalisé. M. Powell s'est déclaré “très satisfait” du projet de texte qui doit être adopté hier. Ali Akbar Saléhi s'était aussi montré d'accord avec la formule de compromis : “C'est O.K. Naturellement, nous aurions préféré un meilleur texte. Cela ne signifie pas que nous n'apprécions pas cet effort collectif de la communauté internationale”, a déclaré l'ambassadeur iranien. “J'espère que ça ira vite”, avait déclaré le directeur-général de l'AIEA, Mohamed ElBaradei, peu avant le début des travaux mercredi matin. Dans un récent rapport aux Etats membres de l'AIEA, M. ElBaradei avait relevé des manquements répétés par l'Iran à ses engagements en matière de non-prolifération, mais avait conclu toutefois qu'il n'y avait “pas de preuve d'un programme nucléaire militaire iranien”.