Pour Washington, l'Iran doit être puni par le Conseil de sécurité de l'Onu. Bush exerce des pressions sur l'Aiea, dont la réunion aujourd'hui à Genève doit justement décider des orientations qui seront transmises à la réunion du Conseil de sécurité de l'Onu qui s'est saisi du dossier nucléaire iranien à l'initiative des Américains. Selon le porte-parole du département d'Etat américain, Adam Ereli, le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique devrait endosser le rapport du directeur général, Mohamed El-Baradei, qui, aux yeux des Américains, confirme beaucoup de leurs inquiétudes et des questions qu'ils soulèvent depuis qu'ils ont placé Téhéran dans leur collimateur. Washington considère même qu'aucune nouvelle résolution de l'Aiea n'est nécessaire pour transférer le dossier au Conseil de sécurité. La réunion de l'Aiea pourrait, cependant, durer plusieurs jours. La question de l'uranium iranien ne faisant toujours pas consensus à l'échelle mondiale. Ni Moscou ni Pékin ne souhaitent isoler Téhéran. Les deux capitales ont contribué à la maîtrise du nucléaire par les Iraniens et, pour les Chinois, l'Iran est leur principale source d'approvisionnement en pétrole et gaz. Selon des sources diplomatiques à Washington, la Russie serait hostile à des mesures hâtives à l'Onu. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est justement attendu demain à Washington, où il doit avoir des entretiens avec le président Bush et la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice. Bush, qui espérait traduire devant le Conseil de sécurité l'Iran dès la semaine prochaine, doit compter sur des divisions qui sont apparues au sein même de son propre camp occidental. D'ultimes négociations entre l'Iran et l'UE-3 n'ont toujours pas permis d'accord. Les partenaires occidentaux de Bush réclament le retour au moratoire sur les activités d'enrichissement, rompu en janvier, de crainte qu'elles ne puissent également avoir des fins militaires, mais Téhéran insiste sur ce droit pour le secteur civil de l'économie. En réalité, hormis Washington, personne ne parle encore de sanctions. Les Américains disent se contenter de “déclaration présidentielle” rappelant Téhéran à l'ordre. Contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité, qui ont un caractère contraignant et nécessitent un vote, les “déclarations présidentielles” sont adoptées par consensus et n'ont pas un caractère obligatoire. Ce serait néanmoins un signal fort de la communauté internationale à l'encontre de l'Iran. D. Bouatta