À la recherche d'arguments pour préparer le terrain à une offensive diplomatique, d'abord contre Téhéran, Washington compte porter le dossier du nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l'ONU dans le but d'isoler le régime des mollahs. Pour le représentant américain à l'Agence internationale pour l'énergie atomique, Kenneth Brill, “le programme nucléaire de Téhéran constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales”. Partant de là, il demande que le dossier soit porté devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Selon lui, “les questions demeurées sans réponse sont plus nombreuses qu'en mars”. La demande est confortée par le consensus qui s'est dégagé sur la résolution adoptée par l'Aiea vendredi dernier critiquant sévèrement l'Iran pour ses omissions faites dans ses déclarations sur son programme nucléaire. Il y a lieu de signaler que les Etats-Unis bénéficient du soutien de la France, de la Grande- Bretagne et de l'Allemagne, qui ont appuyé la proposition US. Le texte en question donne encore du temps aux Iraniens pour rectifier le tir, mais n'exclut pas l'éventualité de transmettre l'affaire au Conseil de sécurité onusien, seul habilité à prendre des sanctions contre l'Iran. L'occasion n'a pas été ratée par le département d'Etat américain lequel a réagi la veille même de l'adoption de la résolution de l'Aiea pour demander à l'agence dirigée par l'Egyptien Mohamed Al Baradeï de faire pression sur Téhéran. Un porte- parole US a déclaré que “les Etats-Unis pensent qu'il est important que l'Aiea continue de faire pression sur l'Iran, continue ses enquêtes, ses inspections, et continue à trouver des choses sur le programme”. Il est clair que Washington cherche à démontrer que les mollahs veulent se doter de la bombe nucléaire sous le couvert d'un programme nucléaire civil. Côté iranien l'on réfute catégoriquement les accusations américaines. Kamal Kharazi, le ministre des Affaires étrangères iranien a qualifié la résolution adoptée par le Conseil des gouverneurs de l'Aiea de “politique”, avant de préciser que son pays n'était nullement disposé à accepter une quelconque contrainte internationale, car il continuait à respecter ses engagements internationaux. Un haut responsable du département de M. Kharazi estime, quant à lui, que la résolution “s'écartait largement des réalités du terrain”, avant d'ajouter que “son ton et son contenu ajoutés à l'attitude laxiste par rapport aux faits, démontrent la résurgence d'un désir politique de faire dérailler le processus”. Téhéran semble ne pas accorder l'importance voulue à cette question comme le montre la déclaration de son représentant au sein de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Seyed Hossein Moussavian, qui est allé jusqu'à affirmer que “personne n'avait demandé que le dossier iranien soit envoyé devant le Conseil de sécurité”. Cette attitude risque de coûter cher au gouvernement de Khatami, parce que les Américains paraissent déterminés à aller jusqu'au bout. Nul n'ignore que l'Iran fait partie de l'axe du mal version américaine et Washington est décidé à en finir avec Téhéran. À noter que Téhéran a annoncé, hier, qu'il allait reconsidérer la décision à suspendre l'enrichissement de l'uranium. K. A.