“Il faut que les points sombres de la Révolution algérienne tels que le complot des colonels, l'affaire de la Bluette, le Congrès de la Soummam et de nombreux autres évènements encore soient éclairés”, a plaidé le ministre de l'Intérieur et néanmoins président des anciens membres du MALG, Daho Ould Kablia, à l'occasion d'une conférence qu'il a animée hier à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. Aux yeux d'Ould Kablia, “ceux qui ont empêché que l'histoire soit dite sont ceux qui ont peur et qui savent qu'il leur soit défavorable”. Sans faire une quelconque allusion et encore moins citer des noms, l'ancien membre du ministère de l'Armement et des Liaisons générales du GPRA a expliqué que l'association des anciens du MALG, qui a déjà pu réaliser une douzaine d'ouvrages sur la base des documents authentiques qu'elle détient, avait demandé au ministère de l'Information une émission télévisée spécialement pour “dépoussiérer les dossiers qui constituent les points noirs de la guerre d'Indépendance”. En ce sens, M. Ould Kablia estime que l'idée de lancer une chaîne consacrée à l'histoire de l'Algérie ne peut qu'être saluée, notamment dans une conjoncture où certains ne cessent de jeter le discrédit sur cette Révolution. “Laisser toute cette poussière sur l'histoire de la guerre d'Algérie fait que les Algériens n'y croient plus et malheureusement notre société est en train de partir en miette”, a-t-il encore soutenu. Et de souligner : “Nous avons perdu une quarantaine d'années. Autrement, on se serait dirigé vers un Etat démocratique beaucoup plus tôt.” Mais ceci ne constitue pas le seul regret de l'ex-compagnon de Boussouf. “Malheureusement ceux qui ont négocié les accords d'Evian n'ont pas participé à la gouvernance de l'Algérie post-indépendance, et c'est là tout le problème”, a-t-il encore déploré. Interrogé sur l'écriture de l'histoire, le ministre de l'Intérieur a expliqué que 10 tonnes d'archives avaient été remises par le MALG au ministère de la Défense mais, a-t-il encore regretté, “hormis Mahfoud Kaddache qui était la boîte de liaison du MALG, nous n'avons pas encore de bons historiens, de nombreux livres sont écrits mais c'est du factuel qui sert pour chacun à tirer la couverture vers soi”. Faisant le récit de la genèse et de la signature des accords d'Evian, M. Ould Kablia a tenu à apporter des précisions de taille. Tout en se disant favorable à la réalisation du film sur Krim Belkacem, il a tenu particulièrement à démentir les déclarations d'Ali Kafi au sujet d'Abane. “Je démens les insinuations faites sur Abane par Ali Kafi dans ses mémoires. Lorsque la France était revenue à la charge en entamant des contacts secrets après l'échec des contacts entamés déjà par Guy Mollet, Abane avait rejeté de manière ferme les nouvelles propositions des Français”, a-t-il expliqué. Il citera, concernant la mort d'Abane, le premier président du GPRA, Ferhat Abbas, qui avait clairement noté qu'“Abane est assassiné par ses frères de combat”. Continuant à asséner certaines vérités historiques, l'ancien homme fort du MALG a révélé qu'au moins quatre homme forts de la Révolution avaient voté contre les accords d'Evian. Il s'agit, a-t-il dit, de Boumediene, Ben Bella, Mendjeli et Kaïd Ahmed, a-t-il cité, avant de regretter également le klash entre le GPRA et l'état-major de l'ALN qui a donné lieu à l'été de la discorde de 1962 qui a fait perdre trop de temps à l'Algérie. “Ce qu'on a fait en 50 ans, on aurait pu le faire dans les premières années de l'Indépendance si ce n'était pas ce faussé idéologique entre les deux parties.” M. Ould Kablia n'a pas manqué d'évoquer la mémoire de Salah Bouakouir qu'il dit considérer, aux yeux des révolutionnaires, réhabilité dans son statut de révolutionnaire. M. Ould Kablia n'a pas conclu sa conférence sans réitérer la position de l'Algérie vis-à-vis des harkis et de répondre subtilement à la question sur la repentance de la France. Concernant la première, M. Ould Kablia dira : “Nous ne pardonnerons jamais aux harkis.” Quant à la seconde, il rappellera que le GPRA a préparé ce qui est appelé “le livre blanc” sur la torture qu'il comptait remettre à l'ONU, chose qui n'a pas été faite avec le début des négociations sur les accords d'Evian. “Nous avons de quoi les accuser de manière très spectaculaire”, a-t-il menacé. S L