Les travailleurs de la brasserie Tango Heineken, appuyés par plus de 400 syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba, ont observé, avant-hier, un sit-in devant le siège de l'inspection du travail de Réghaïa pour dénoncer “l'inertie et la passivité des inspecteurs du travail face aux multiples violations des lois de travail et des libertés syndicales par l'employeur de cette entreprise.” Les protestataires, en grève depuis un mois, accusent l'inspection du travail de “violer la loi” en refusant de délivrer aux syndicalistes un procès-verbal de non-réconciliation qui leur permettra de recourir à une grève suivant les dispositions de la loi 90/02 du 6 février 1990 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs de travail. “L'attitude de l'inspection du travail a encouragé cette entreprise à transgresser toutes les lois en licenciant ce qu'elle veut et quant elle veut, et cela au mépris des lois du travail du pays”, indiquent des syndicalistes. Ces derniers menacent d'occuper, la semaine prochaine, les locaux de cette brasserie hollandaise alors que les syndicalistes de Rouiba sont décidés à faire sortir les travailleurs de la zone dans la rue. Selon un membre de l'union locale de Rouiba, les travailleurs, qui ne cessent de réclamer une convention collective, n'ont eu droit qu'à des intimidations et à des mesures de licenciement. Et de s'interroger sur le mépris affiché par les responsables de cette entreprise au droit du travail et à tout ce qui représente l'UGTA. Leur colère est dirigée particulièrement au DRH de la brasserie qui selon eux “a fait de ce conflit une affaire personnelle au détriment de l'intérêt général.” Selon les travailleurs, l'employeur refuse tout dialogue qui permet d'aboutir à un accord pour mettre fin à cette grève qui dure depuis 34 jours. “Il a voulu casser la grève en recrutant 70 travailleurs, et cela en violation de toutes les lois en vigueur”, martèle un syndicaliste qui accuse l'inspection du travail de ne pas avoir réagi à ces décisions illégales. “On n'a pas le droit de recruter ni de licencier pendant une grève”, précise-t-il. Les employés de cette brasserie exigent la reprise des discussions autour de la convention collective, qui est gelée depuis une année. “Comment peut-on accepter des salaires sans les indemnités les plus élémentaires telles que l'IEP, la PRI et la prime de la femme au foyer”, indiquent les syndicalistes, qui refusent les propositions de l'entreprise, notamment celle concernant l'attribution du 13e mois à la place d'une prime sur les bénéfices, plus équitable pour les travailleurs. “L'entreprise réalise des bénéfices grâce à nos efforts puisque les objectifs pour l'année 2011 ont dépassé les prévisions. Ainsi, on est passé de 390 000 hectolitres à 413 000 hectolitres. Pourquoi ne pas améliorer la situation de ceux qui ont fait ces résultats ?” s'interrogent les syndicalistes. Une réunion de travail s'est tenue au siège de l'inspection du travail de Réghaïa, à laquelle ont pris part les responsables de l'union locale UGTA, l'inspecteur général du travail et les syndicalistes de la basserie. Une série de mesures aurait été prise pour désamorcer ce conflit qui risque d'enflammer toute la zone industrielle de Rouiba et Réghaïa. “Que chacun prenne ses responsabilités en cas de persistance de cette situation”, a averti M. Messaoudi. Notre tentative pour avoir le point de vue des responsables de la brasserie Tango Heineken est demeurée vaine. Le chef de service de la sécurité nous a affirmé que le P-DG est absent. M. T.