La crise du carburant qui avait fait parler d'elle pendant plus de 20 jours en décembre 2011, refait surface à Oran où la majorité des stations-service ont mis temporairement la clé sous le paillasson. Cette situation fait apparaître au grand jour les mêmes défaillances qui ont pénalisé les automobilistes et les professionnels dont l'activité gravite particulièrement autour du carburant. Selon un responsable d'une importante station-service au centre-ville, cet état de fait est provoqué par l'arrêt de la raffinerie d'Arzew. Notre interlocuteur qui est en rupture de stock depuis quatre jours, indique que les quotas en carburant livrés par Naftal ont été revus à la baisse. Une mesure qui a eu une incidence directe sur les usagers qui possèdent des véhicules à essence. Dans le sillage de cette nouvelle pénurie, les chauffeurs de taxis estiment que si cette pénurie perdurait, il leur serait impossible d'exercer leur métier. Selon une source crédible “la résurgence de cette nouvelle pénurie est due à la rupture des stocks du dépôt Naftal de Petit Lac où les deux réservoirs alimentés à partir d'Arzew par pipe-line sont vides.” Cette même situation est générée par l'arrêt de la raffinerie Naftal d'Arzew qui n'arrive plus à approvisionner de façon régulée la centaine de stations-service activant dans la wilaya d'Oran. Nous avons vainement tenté de joindre le chargé de la communication de Naftal à Alger. Pour leur part, les représentants des gérants des stations-service ont été peu loquaces. D'habitude prompts à monter au créneau, ces derniers semblent obéir à une “obligation de réserve” qui ne dit pas son mot. Toutefois, des exploitants ont été les premiers à ouvrir les hostilités, ne mâchant pas leurs mots. “Alors que la pénurie des carburants de décembre 2011 était mise sur le compte des mauvaises conditions climatiques, voilà qu'on nous ressort une autre histoire de crise liée aux dysfonctionnements sur les opérations d'importation car nécessitant une procédure complexe.” À notre question d'en savoir un peu plus sur la crise en question, un cadre à Naftal a indiqué que “la pénurie des carburants est due à la fermeture de la raffinerie d'Arzew qui couvrait un taux considérable du marché national, pour le renouvellement de ses infrastructures et l'élargissement de sa capacité de production.” Il impute la pénurie aux importateurs privés qui n'ont pas pu approvisionner le marché à la suite de la fermeture de la raffinerie d'Arzew pour des raisons de réhabilitation des installations, sachant que cette raffinerie est la seule qui produit des lubrifiants en Algérie. “C'est comme si Sonatrach pour la fabrication et Naftal pour la distribution (qui sont en situation de monopole), n'étaient pas concernées par la pénurie”, déplore, pour sa part, un gérant de station-service. Cette pénurie qui a commencé il y a quatre jours à Oran, découle en grande partie de l'arrêt de la raffinerie d'Arzew puis de l'entretien des réservoirs du dépôt du Petit Lac d'Oran. “L'arrêt de la raffinerie d'Arzew dure depuis plus de six mois comme signalé par Sonatrach qui avait déjà annoncé (juin 2011) un programme d'importation d'un million et demi de tonnes de carburants à l'effet de combler le manque à produire de cette raffinerie”, nous explique-t-on par ailleurs. Les gérants des stations-service que nous avons rencontrés ne s'expliquent pas la pénurie qui s'est déclarée après celle de décembre 2011. “Cela veut dire qu'on nous cache quelque chose, surtout en refusant de communiquer sur ce problème, cela ne peut être qu'une mauvaise coordination entre le ministère de tutelle, Sonatrach et Naftal”, affirme-t-on. “On se moque du citoyen quant on l'informe ordinairement des découvertes d'hydrocarbures alors qu'on ne donne aucune explication sur une pénurie des carburants qui fait souffrir des centaines de milliers de citoyens à Oran et dans l'ouest du pays”, estiment des automobilistes courroucés. Au-delà de ces extrêmes, certains pompistes qui sont réduits au chômage sont ulcérés. “Il faut arrêter de nous prendre pour de simples pompistes qui ne comprennent rien. Avancer le prétexte de la réhabilitation de Naftal n'entre pas en point de mire. C'est archi-faux. Il est du devoir de Naftal de nous donner des explications tangibles!”, clament-ils. K. R-I