Le conseiller à la communication de Bouteflika affirme même “ne pas connaître” le cabinet Immar. Le désormais fameux sondage réalisé par le cabinet parisien Immar Reseach & Consultancy, sur les intentions de vote des Algériens en prévision de la présidentielle d'avril 2004, suscite curiosité et interrogation au sein de l'opinion et de la classe politique quant à sa crédibilité. Doit-on en effet prendre pour argent comptant les résultats d'un sondage d'opinion dont on ignore l'origine ? La question mérite tout de même d'être posée en cette période de précampagne électorale. Et aux regards de se braquer naturellement vers le palais El-Mouradia où l'on suppose dénicher le métronome de cette opération de marketing politique qui fait la part belle à Abdelaziz Bouteflika. Gratifiant le Président sortant d'un score de 34% des intentions de vote, loin devant son concurrent déclaré Ali Benflis qui n'obtiendrait que 19%, le sondage du cabinet parisien, réalisé sur la base d'un échantillon de 1 390 Algériens, durant la période du 21 au 29 septembre, ne serait qu'un “travail de commande”, accusent certaines sources. On soupçonne l'entourage, si ce n'est le président de la République lui-même, d'avoir été derrière cette opération qui viserait à impressionner déjà ses éventuels rivaux. “Faux”, confient plusieurs sources à la présidence de la République. Contacté hier, le conseiller à la communication de Abdelaziz Bouteflika, Hachemi Djiar, soutient qu'aucun sondage n'a été commandé par l'institution présidentielle. “À ma connaissance, il n'y a pas de sondage commandé ; je ne crois pas que cela puisse être le cas”, affirme-t-il, précisant : “J'ai moi-même entendu ces rumeurs, mais je ne leur accorde aucun crédit.” Mieux, notre interlocuteur avoue même ne pas connaître “cette boîte” — le cabinet ayant réalisé le sondage — jusqu'à ce que les résultats soient publiés par la presse. Un autre collaborateur du président Bouteflika nie lui aussi l'existence d'un quelconque lien entre le cabinet Immar et l'institution présidentielle, suggérant que les rumeurs ne sont que “des spéculations de presse”. Cependant, si du côté d'El-Mouradia l'on dément formellement être les inspirateurs de Immar Reseach & Consultancy, l'on s'y frotte certainement les mains du fait que les résultats sont plus ou moins favorables à Bouteflika. Et ce, bien qu'il faille relativiser la crédibilité d'un tel panorama électoral, valable uniquement pour la période concernée par le sondage. En d'autres termes, rien n'est encore joué, à l'heure où aucune autre “grosse pointure” n'a manifesté son intention de se porter candidate, pas même le principal concerné par l'étude, le président Bouteflika. En l'occurrence, l'électorat peut basculer d'un côté comme de l'autre, en fonction des nouvelles données, mais surtout des arguments et programmes que développeront les différents candidats durant la campagne électorale. Il reste que le taux d'abstention que prévoit le sondage de Immar, avoisinant les 60 % du corps électoral, est préoccupant. Ce serait un record jamais égalé s'il venait à être confirmé le jour J, et constituerait un cinglant désaveu de la population vis-à-vis du pouvoir, mais aussi, et plus généralement, de la chose politique. H. M.