Une discipline en rupture de ban avec le classicisme. Une notion en mouvement, qui se renouvelle, s'actualise. Tout simplement dans l'air du temps, avec comme pivot principal : le corps sous toutes ses coutures. L'art contemporain qui n'est pas à confondre avec l'art moderne est synonyme de liberté d'expression des arts plastiques. Les frontières sont tombées. D'autres disciplines s'y greffent de plus en plus, rendant ainsi le champ d'action plus ouvert, plus accessible. Les définitions divergent. Il n'y en a pas une qui soit la référence. Car l'art contemporain dans sa conception la plus vaste – même la plus simple – n'a pas une seule explication, mais plusieurs. Cela dépend de la perception la plus profonde, celle enfouie en chacun de nous, de la vision et des objectifs de celui qui pratique cet art. Dans ce sillage, les organisateurs de la 2e Biennale méditerranéenne d'art contemporain d'Oran, les organisateurs se sont penchés sur cette notion et les différentes orientations qu'il véhicule : sa place, son apport… D'ailleurs, c'est à cette thématique que s'est intéressé, hier à 10h, le forum d'idées, animé par notre consœur de la radio algérienne Alger Chaîne III, Narimane Sadouni. Deux heures durant, les participants (les exposants) ont exprimé leur vision sur l'art en rompant avec le corpus classique (méthodologie, approche…), à travers des expériences professionnels personnelles. Cet art a développé un autre sens ; celui de la façon d'être. De cette rupture, il en découle que l'artiste contemporain, comme l'a affirmé l'animatrice “a passé l'éponge sur les pensées passéistes, de même que le danseur a libéré ses mouvements”, à travers la notion du corps : le profane et le sacré ; avec toute la sensibilité, tous les messages qu'il véhicule. Il est source d'inspiration, d'expression, générateur d'idée, en contradiction avec l'ordre établi. Et d'ajouter que les sens de l'artiste se “sont affranchis des normes”. Libres, ils sont éparpillés, dégageant une certaine énergie, interpellant le regard. Toutefois, l'esthétique demeure l'un des critères incontournables de cet art, même si l'approche et la vision sont épurées de toute contrainte normative. En outre, les participants à ce forum d'idées étaient tous unanimes à affirmer que le mouvement et le détail sont également l'une des composantes de l'art contemporain. Le premier permet à l'œuvre plastique d'exister, d'être conceptualisée et de se défaire de l'emprise de son créateur. Le mouvement en soi permet de laisser le champ ouvert et toutes les interprétations sont “bonnes à prendre” en considération. Quant au détail, même s'il demeure, dans certaines travaux, noyé dans le général de l'œuvre, il est “au contemporain ce que la partition est au concerto classique”, car régi par les règles de la simplicité, de l'accessibilité, de l'émetteur, du récepteur, du message, des différents codes livrés, sans ordre préétabli, par l'artiste. En un mot un schéma de la communication ouvert, accessible axé sur le sens, le sensoriel et le visuel. Du concept au matériel, le pas est vite franchi. L'art contemporain se veut philosophique, voire réfléchi dans la réflexion. Mais il demeure réel dans l'abstraction totale. Réel à notre image, le résultat doit ou veut nous ressembler, et parvenir à nous séduire. L'artiste contemporain se fait poète “pour faire rimer son temps avec le nôtre et pour extraire de l'infinitif le verbe. Il conjugue son art au temps du renouveau, prenant essence du corps de l'Homme”. A. I.