Les destins croisés des 2 A Booster la création d'emplois et de richesses, redonner espoir aux jeunes et fixer de grandes ambitions pour notre pays, tels sont les défis qui exhortent nos gouvernants à beaucoup plus de dynamisme. Dans un entretien exclusif à Liberté, le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, dévoile le plan de l'exécutif pour promouvoir le secteur productif et accompagner les jeunes porteurs de projets dans le processus de création de leur propre entreprise. Pépinières d'entreprises réparties à travers le territoire national, centres techniques, Maisons d'entreprise, extension du champ d'application des garanties pour les crédits aux PME, 20% des marchés publics ne dépassant pas 12 millions de dinars réservés aux micro-entreprises, autant de mesures destinées à favoriser la jeune entreprise. Pour les entreprises existantes, une enveloppe de pas moins de 10 milliards d'euros est consacrée à la mise à niveau de 20 000 PME. Par ailleurs, la nouvelle stratégie industrielle vise à l'émergence de champions publics et le développement de filières à forte valeur ajoutée, notamment la sidérurgie, l'automobile, la transformation de métaux non ferreux, la pétrochimie, les fibres synthétiques, les industries innovantes. On peut regretter que le secteur privé n'occupe pas une place prépondérante dans cette feuille de route et qu'on n'ait pas fait allusion à la nécessaire affirmation de champions privés, de véritables locomotives, au regard de leur effet d'entraînement sur l'essor de milliers de petites et moyennes entreprises. Au demeurant, tous ces enjeux ne peuvent être relevés sans placer l'entreprise au cœur des politiques publiques. Si nos dirigeants semblent finalement adhérer à cette vision, la difficulté reste à mettre à exécution cette politique de promotion tous azimuts de l'entreprise. Sur ce point, la bureaucratie conserve intactes ses capacités de nuisance. Conséquence, elle conduit de facto à une situation de blocage des changements. Le poids de l'informel et l'ampleur de la corruption en Algérie reflètent cette impasse. En somme, ce chemin vers la croissance durable est semé d'obstacles. Il faudra une plus grande volonté politique pour inverser la tendance. Car deux Algérie coexistent aujourd'hui dangereusement, une Algérie rentière, parasite, évoluant à l'ombre des circuits étatiques, et une Algérie utile, dynamique dans les secteurs de production de biens et services ainsi que dans la sphère intellectuelle, aspirant à un véritable changement notamment de modèle économique, orienté cette fois-ci beaucoup plus vers la diversification de nos exportations. En fait, de la manière de traiter cet antagonisme se joue la destinée du pays. En ce sens, l'Etat devrait jouer plus efficacement son rôle de régulation. À travers, en particulier, d'autres mécanismes fiscaux et parafiscaux, il pourrait orienter les énormes liquidités disponibles vers l'investissement dans les secteurs productifs au détriment de la logique dominante de l'importation. K. R. [email protected]