“L'art cinématographique est de raconter une histoire. Il ne faut pas en faire un mode d'emploi”, a indiqué le réalisateur libanais Georges Hachem. Cette déclaration a été faite, avant-hier, à Dar Abdeltif, dans le cadre d'un masterclasse organisé en marge des Journées du film méditerranéen d'Alger, MéditerraCiné (du 31 mars au 7 avril 2011), organisées par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), en partenariat avec MD Ciné. Le réalisateur a participé à cet événement avec la projection de son premier long-métrage Balle perdue. À cet effet, lors de cet atelier, Georges Hachem est revenu sur son film, sa conception de la mise en scène, la relation en cinéma arabe et la guerre, ainsi que sur ses influences. Le réalisateur libanais a évoqué le rapport entre le 7e art et les évènements qui ont bouleversé les pays arabes comme les “guerres civiles”. Pour lui, même si les cinéastes arabes ont le “devoir” de transcrire leur histoire, “le cinéma est un mode expression artistique, le cinéaste n'est pas un porte-parole ou un reporter”, a-t-il signalé. Et d'ajouter : “Le cinéma doit être universel. Il se bâti sur une histoire. Maintenant, il est perverti par les médias.” Par ailleurs, durant cette leçon de cinéma, il s'est également intéressé au travail de et sur la mémoire. “Pour raconter la guerre, ma meilleure arme est ma mémoire. Il faut traiter la guerre comme une catastrophe naturelle. Mais, elle n'est pas naturelle ! Il faut dénoncer ce séisme prémédité”, a-t-il souligné. Ayant connu la guerre à l'âge de dix ans, Georges Hachem a souligné les répercussions sur les “gens ordinaires”, ce qui transparaît dans son film. D'une durée de soixante-seize minutes, Balle perdue a été réalisé en 2010. Durant toute une journée de l'année 1976, on découvre la vie de Noha (Nadine Labaki). Cette jeune femme qui s'apprête à se marier dans deux semaines, voit toute sa vie basculer en une fraction de seconde. En effet, cette journée ensoleillée semblait être banale et ordinaire pour cette Libanaise, mais les choses tournent vite au vinaigre. Une jolie histoire où le réalisateur met en exergue les bouleversements et les blessures de la guerre sans forcément montrer l'état de guerre. Concernant le financement de cette production, Georges Hachem a expliqué que “l'argent ne vient pas d'ailleurs. Le film est à 100% libanais. L'étranger peut-il savoir mieux que moi, ce qui s'est réellement passé au Liban ? Pour s'imposer, il faut d'abord s'autofinancer”. En outre, le conférencier est revenu sur les réalisateurs qui ont permis sa construction dans le domaine cinématographique. “Roslavets et Bessa, ce sont des univers cohérents sur la connaissance et l'expérience humaine. Je n'aime pas les films qui me manipulent sur le moment où je dois rire où pleurer”, a-t-il dit. H M