Dans le cadre de la 1re édition des Journées du film méditerranéen abrité par la salle Cosmos depuis le 31 mars dernier le public algérois a pu découvrir mardi dernier une perle du cinéma libanais, le film Balle perdue de George HashemProduit par Abbout Productions en 2010, ce film d'une durée de 76 minutes porte un certain regard sur la guerre du Liban qui a fait plus 250 000 morts entre 1975 et 1990. Nous sommes en 1976, le réalisateur nous invite chez Noha est une ravissante jeune femme gracieusement interprétée par Nadine Labaki. A deux semaines de son mariage, Noha est prise par de grands doutes. Ne voulant pas se précipiter dans cet engagement, elle décide de revoir Maroun, son ex-compagnon. Face aux réticences de sa famille qui a hâte de la caser, Noha embarque avec son ami pour une virée en voiture qui se transforme très vite au cauchemar. En fait et à l'issue d'une dispute, Noha quitte la voiture et erre dans les bois. C'est là qu'elle se retrouve témoin d'un crime crapuleux. Son compagnon, qui, lui, est parti à sa recherche, tombe nez-à-nez avec les assassins. Menacé de mort, il quitte le bois laissant derrière lui Noha. Profondément bouleversée par sa rencontre et le crime dont elle est témoin, elle quitte les lieux.Dans un Liban où les hommes sont devenus fous, l'odeur de la mort se fait omniprésente, un fait brillamment souligné par le réalisateur qui a su instaurer une ambiance macabre et pesante tout le long de ce film. Noha meurtrie, décide d'annuler son mariage, une décision qui déclenche la colère de sa famille et surtout son frère. Chassée de la maison au beau milieu de la nuit, elle se fait suivre par sa mère inquiète. A la guerre comme à la guerre, la mère de Noha est victime d'une balle perdue qui provoque sa mort sur le champ. Ces successions de drame dans une seule journée provoque une onde de choc chez Noha qui se retrouve finalement internée en asile psychiatrique. Avec des dialogues courts et espacés, ce film fait l'apologie de la lenteur et joue beaucoup sur la symbolique et la beauté des images. Le réalisateur a également sorti le grand jeu en se focalisant sur la magnifique interprétation de Nadine Labaki qui a vampirisé ce film les grands plans qu'on lui consacre. Elle est devenue complice de sa caméra, omniprésente même lorsqu'elle s'en éloigne. Elle nous traîne avec elle donnant ainsi à son personnage un caractère égaré et attachant. Percutant et angoissant Balle perdue est un film qui retrace le drame libanais à travers l'exemple de Noha. Pleins d'autres débats y sont également suggérés comme les conflits interreligieux dévastateurs du Liban (Noha est chrétienne tandis que son amant est musulman). Pour un premier long métrage, George Hashem incarne le nouveau souffle du cinéma libanais en nous offrant ainsi une œuvre intelligente, profonde et sincère. W. S.