RésumE : Je me présente à Hakim. Ce dernier est surpris. Je lui dévoile le but précis de ma présence dans le village. J'aimerais tant écrire un récit original. Hakim m'assure que son cousin Farès est mieux placé pour répondre à mes questions. Farès convolait en justes noces le jour même ! La pente escarpée n'en finissait pas… Les virages en épingle à cheveux ne facilitaient pas les choses. Mais c'était ça la campagne. Sans cette verdure, sans ces chemins accidentés, sans cette villégiature, on ne connaîtrait pas le charme de ces hameaux perchés et collés au flanc des montagnes. Enfin, les premières maisons apparaissent au détour d'un chemin. Ce n'était pas trop tôt ! Hakim me montre un terrain plat : - Tu peux garer là sans crainte. Nous allons continuer à pied. Heu… Je peux porter tes bagages. - Non… Je préfère d'abord inspecter les lieux. - Tu en auras tout le temps demain… Pour ce soir, je t'invite à la fête du cousin… Ne rate surtout pas l'occasion de goûter un couscous légendaire. - Merci. Tout l'honneur est pour moi… Mais ne crois-tu pas que je pourrais incommoder la famille par ma présence ? Après tout, tu ne connais rien de moi, je ne suis qu'une étrangère. Il se saisit de son sac à dos et me précède tout en m'indiquant le chemin : - Ici, nous ne connaissons pas d'étrangers. Quiconque foule la terre de nos aïeux est toujours le bienvenu… Notre hospitalité n'a pas de limite. Et puis, tu as l'air fatiguée. Un bon repas, puis un bon somme ne seront pas de trop. - Tu peux le dire… J'ai eu une rude journée. - Alors pas de chichi… Suis-moi. Le son d'une musique parvenait à nos oreilles. La fête battait son plein. Au détour d'une ruelle, quelques jeunes filles s'empressaient de rejoindre le lieu de joute… Un coup d'œil me suffit pour constater qu'en guise de modernisme, les filles portaient ces tenues extravagantes qu'elles devaient “copier” sur les chaînes étrangères. Les assiettes paraboliques dénaturaient les toits en tuiles rouges des maisons. Ici et là, des poteaux électriques anarchiquement plantés semblaient défier les normes des constructions anciennes, et les quelques chalets construits récemment ne faisaient qu'accroître cette impression. Pourquoi piétiner ces terrains vierges ? Pourquoi n'a-t-on pas laissé ce village tel qu'il a été conçu par ses pionniers ? Hakim me tire par la main : - Nous sommes presque arrivés… Tu vois la maison en pierre là-bas ? Je n'eus aucun mal à remarquer la foule qui se bousculait devant une belle bâtisse. La zorna n'était pas en reste, et des jeunes entamaient des pas de danse en se tapant dans le dos. - Tu vois ce jeune homme en chemise bleue… C'est lui le marié… C'est mon cousin Farès. Comme s'il s'était rendu compte de notre présence, Farès lève la tête et nous repère. Il sourit de toutes ses dents et se dirige vers nous pour nous souhaiter la bienvenue. Les cousins s'embrassèrent chaleureusement, puis Hakim fait les présentations : - Yasmina Hanane de Liberté. Tu connais, non ? Farès fronce les sourcils : - Si c'est une farce, je te préviens que… - Absolument pas mon cher cousin… N'est-ce pas Yasmina ? J'ébauche un sourire pour dissiper ma gêne. Je ne me sentais pas du tout à ma place dans toute cette ambiance, moi qui cherchais le repos afin de pouvoir rédiger mes notes à ma guise. - Soyez la bienvenue madame… Je ne sais pas si mon cousin dit vrai, mais si vous êtes Yasmina Hanane, j'avoue que ma surprise est de taille. Je félicite Farès, qui accepta mes vœux de bonheur avec un grand sourire, avant de me présenter à la gent féminine. Mère, sœurs, cousines, belles-sœurs… Elles vinrent toutes m'accueillir. J'étais comblée. On me fit asseoir avec les femmes et on m'apporta tout de suite un café fumant et des beignets tout chauds. L'arôme de ces derniers me rappela que je n'avais rien avalé de la journée. Taos, la sœur aînée de Farès, vint me tenir compagnie et me reversa du café. - Nous allons bientôt dîner. Tu aimes le couscous j'espère. - Qui n'aime pas ce plat ?! Taos se lève et me demande de la suivre : - Je vais te présenter à la mariée. - Hein… ? Mais je crois que dans votre coutume, on ne doit pas voir la mariée avant sa nuit de noces… - Qu'à cela ne tienne… Nous ne sommes plus les esclaves de nos traditions. Malika est une cousine à nous… Elle a fait des études en ville avec mon frère, et après de longues années passées sur les bancs de l'université, ils ont décidé de se marier. - Que fait-elle comme métier ? - Elle est enseignante… Elle enseigne l'histoire-géographie dans un lycée, et mon frère est architecte. (À suivre) Y. H.