C'est ce qu'on pourrait appeler un rejet de greffe ou… presque. Toutes les solutions économiques imaginées et tentées avec l'intention de relancer la croissance, sortir de la dépendance des hydrocarbures, booster la production nationale, l'agriculture et le tourisme, relancer l'emploi, élever le pouvoir d'achat… n'arrivent pas à produire les effets escomptés. La législature prochaine pourra-t-elle contribuer à en finir avec cette impasse ? Pour l'instant, plutôt que l'économique, c'est la réforme politique qui est mise en avant avec, en devanture de vitrine, la révision constitutionnelle. Pourtant, les discours débordent de promesses qui renvoient à des décisions purement économiques. Seulement, plutôt que de prouver, les acteurs engagés en campagne électorale préfèrent pour l'instant affirmer des options idéologiques. L'analyse des propos des chefs de partis, relayés par leurs candidats, dénote une absence de cadrage chiffré et de précision à même de fournir un indice de performance vérifiable au bout du quinquennat. Pour Mohand Oussaïd Belaïd, SG du Parti pour la liberté et la justice, le substrat à toute projection sérieuse est la connaissance du présent. “Or, déplore-t-il, au jour d'aujourd'hui, nous n'avons pas d'instituts capables de nous fournir des chiffres exacts et des statistiques fiables ; nous n'avons pas d'experts indépendants capables de nous faire une photographie de notre économie.” C'est la raison pour laquelle le fondateur du PLJ propose, avant toute chose, d' “établir un diagnostic de la situation pour dégager une stratégie économique sur le long terme.” Une fois cet audit effectué, la formation de Mohand Oussaïd veut aller vers “un congrès économique national avec la participation de l'ensemble des opérateurs économiques, des acteurs politiques pour procéder à une autopsie de notre économie nationale depuis 1962. Concrètement, nous devons savoir où nous en sommes, ensuite aller vers la diversification de nos ressources économiques.” Parmi les axes de diversification des sources de revenus, figure le développement de l'agriculture, de la recherche scientifique et du secteur du tourisme en particulier. Le PLJ insiste aussi sur l'investissement dans la ressource humaine. Théoriquement, la formation de Mohand Oussaïd estime qu'il faut revenir à “une politique sacrée de Boumediene, basée sur l'équilibre régional. La répartition du revenu national de façon équilibrée entre les régions.” Il cite aussi la réhabilitation de la classe moyenne qui peut assurer la stabilité sociale du pays. Entre réformer ou améliorer l'existant, Djillali Sofiane, SG du parti Djil Djadid, semble avoir tranché sur la base du constat selon lequel l'Algérie n'a pas encore d'économie mais un bazar. Itératif diront certains. Pourtant, le premier responsable de Djil Djadid est convaincu que notre économie peut mieux faire. Mieux que les 3% de croissance annuelle que Djilali Sofiane met au bénéfice de la fluctuation de la parité du dollar et du prix du baril. “L'Algérie est capable de faire entre 8 à 10% de croissance annuelle”, estime le SG de Djil Djadid, qui pose le préalable selon lequel “l'Etat devrait se mettre à la disposition de l'économie.” Car, d'après Djilali Sofiane, les agents économiques sont au service de la bureaucratie. “L'agent économique ne fait que courir derrière la paperasse, qui occupe 80% de son temps de manager, au lieu de s'occuper de la production et de son amélioration, aller investir des marchés extérieurs pour vendre”, a-t-il ajouté. Djil Djadid : La paperasse encourage la corruption “Et cette paperasse-là génère systématiquement de la corruption à tous les niveaux”, constate-t-il, avant d'enchaîner : “Aujourd'hui, vous ne pouvez pas mettre un rond sans passer par un racket institutionnalisé.” Djil Djadid estime qu'il faut rebooster le pays dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie et de l'emploi, en ayant à vue que ce dernier ne résulte pas d'une décision politique mais d'un produit de l'investissement économique. Un discours qui fait place au soleil à la liberté d'entreprendre et de libéralisation des initiatives privées, contrastant avec celui du Parti des travailleurs militant pour un retour à l'étatisme avec une remise en cause des privatisations et des accords signés par l'Algérie, à commencer par celui de l'association avec l'Union européenne. PT : Pour la réouverture des Souks el-fellah Si toutes les formations politiques partagent l'idée d'un développement endogène, le parti de Louiza Hanoune considère que celui-ci doit être, en plus, l'acte de l'Etat-investisseur dans l'ensemble des secteurs stratégiques, et même au-delà. La grande distribution, par exemple, où le PT, par la voix de sa porte-parole, exige la réouverture des Souks el-fellah pour la promotion de la production nationale. À l'inverse de la version socialiste du PT, le Mouvement populaire algérien (MPA) de Amara Benyounes développe un discours libéral en prônant, entre autres, la privatisation de certaines banques publiques, susceptible de remettre du bon sens managériale au sein de la sphère bancaire. Amara Benyounes dénonce, par ailleurs, la parcellisation et le morcellement des terres agricoles annihilant toute perspective de voir émerger des investisseurs de taille suffisamment importante pour répondre au défi de quantité et de construction de filières agricoles viables, en accord avec les exigences de l'agro-industrie. M. Y.