Ils étaient des milliers de personnes à battre le pavé, hier, à Tizi Ouzou, lors de la marche populaire du 20 Avril organisée à l'appel du Comité national des étudiants démocrates amazigh (Cneda) et à laquelle ont pris part des militants du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). En parallèle, une marche organisée par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), a elle aussi drainé un nombre important de manifestants. Les premiers à marcher, les militants du MAK, qui ont réitéré leur appel habituel, appelant à l'autonomie de la Kabylie, tout en revendiquant leur soutien à l'indépendance du peuple azawad. La marche du Comité national des étudiants démocrates amazigh, organisée conjointement avec le RCD, a, quant à elle, rassemblé une foule grandiose à laquelle ont pris part notamment, des étudiants, des militants, des sympathisants du RCD et également de simples citoyens qui ont tenu à prendre part à ce rendez-vous de la mémoire et à commémorer énergiquement cette date mille fois symbolique. Ils sont venus des quatre coins de la Kabylie profonde, afin de prendre part à cette marche du Printemps amazigh, qui s'inscrit toujours dans la continuité des luttes démocratiques et identitaires. La marche du Cneda et du RCD a débuté depuis l'université de Tizi Ouzou qui porte un nom indélébilement écrit en lettres d'or, celui du feu Mouloud Mammeri. La foule, bariolée en jaune et vert, a ensuite emprunté la rue Ahmed-Lamali qui mène vers le centre de la ville des Genêts, tout en scandant des slogans hostiles au pouvoir et appelant au boycott des élections prochaines du 10 mai, notamment “pouvoir assassin”, “Bouteflika, Ouyahia, houkouma irhabia”, “châab yourid isskaat anidham”, “la régionalisation remède au régionalisme”, “tamazight langue officielle”, “pas de vote”... Dans une déclaration - manifeste, lue en cette date symbolique commémorant les événements du Printemps 80, par l'un des étudiants du Comité national des étudiants démocrates amazigh, les étudiants des université d'Alger, Bouira, Béjaïa, Boumerdès, Sétif, Batna, Tizi Ouzou et Chlef ont affirmé la mise en place de leur comité qui a pour mission de “reprendre le flambeau des luttes pour les libertés démocratiques et les droits de l'Homme en Algérie, revendiquer dans sa plénitude, l'identité nationale qui repose sur l'amazighité, l'arabité, la francophonie et l'islamité, se battre en permanence pour l'officialisation de tamazight et la réhabilitation de la toponymie et les prénoms amazigh”. Dans la même optique, le Comité national des étudiants démocrates amazigh estime qu'il est temps de faire “le bilan en Algérie, 50 ans après la fin d'une guerre sans merci contre le colonialisme et 32 ans après le Printemps berbère qui a posé les jalons des luttes démocratiques dans toute la région nord-africaine. Il revient à dire que le régime algérien a réussi l'échec dans un pays pourtant promis à toutes les espérances et destiné à être un exemple dans le monde en matière d'ouverture, d'acceptation de l'autre et de démocratie”, lit-on dans cette déclaration qui revient sur la confiscation du combat libérateur en juin 1957 et plus tard de l'Indépendance qui a hypothéqué le devenir de la nation et ouvert la voie à toutes les dérives. “L'Etat est tribalisé et le régionalisme est érigé en mode de gouvernance, la corruption est intégrée comme constante nationale. Aujourd'hui alors que nos voisins, particulièrement dans cette région nord-africaine, capitalisant les expériences et le combat du peuple algérien, se lancent, après la chute des dictatures, dans la voie de la construction démocratique et intègrent la dimension amazigh dans la définition de l'identité de l'Afrique du Nord, les dirigeants algériens restent réfractaires à toute idée de changement”, lit-on dans cette déclaration à travers laquelle un appel au boycott des élections du 10 mai a été prononcé par le Cneda et par des responsables du RCD. Par ailleurs, le Collectif des étudiants de l'université Mouloud-Mammeri a, dans un appel à la marche du 20 Avril, appelé la communauté estudiantine à faire de ce 32e anniversaire du Printemps berbère “un moment de recueillement, de bilan, de perspective” et ce pour que “tamazight soit une langue nationale et officielle, une Algérie une et indivisible et pour la participation au développement de notre région et de notre pays”. Dans l'après-midi, au campus de l'université Hasnaoua, des centaines de bougies ont été allumées à la mémoire des martyrs de la démocratie et de la lutte identitaire en Algérie. K.T.