Il aura fallu attendre jusqu'à hier matin pour connaître les résultats des auditions par le parquet d'Annaba de la trentaine de témoins cités dans l'affaire de production de films pornographiques dans laquelle est impliqué Jean-Michel Baroche, un ressortissant français de 55 ans. L'étude du dossier par le procureur de la République et par un juge d'instruction s'est conclue, outre l'inculpation officielle du principal accusé dans cette affaire scandaleuse, JMB, par la mise sous mandat de dépôt de cinq d'entre la trentaine de témoins cités. Il s'agit d'une femme, qui est accusée de complicité active avec le pseudo homme d'affaires français, de deux médecins gynécologues et d'un vice-président de l'APC d'Annaba. Un imam de la ville, interrogé également, a été placé, quant à lui, sous contrôle judiciaire. Selon des sources judiciaires le parquet aurait retenu 3 chefs d'inculpation contre les accusés, à savoir l'association de malfaiteurs, l'incitation de mineures à la débauche et la production de films pornographiques. Il reste qu'il est attendu d'autres développements de la poursuite de l'instruction du dossier, d'autres personnes ayant été encore convoquées par le parquet, hier, dans la journée. Le pseudo hommes d'affaires, qui est installé à Annaba depuis mars 2011, en qualité de directeur général d'une agence de développement, l'Algerian Development Agency, avait abandonné cette activité pour créer au bout de cinq mois une obscure “boîte de mannequinat” dans cette même ville. Le cerveau appâtait les filles, dont la plupart étaient mineures, en les attirant dans les bureaux de sa société et leur faire croire qu'il s'agissait de séances de mannequinat. C'est ce qui a été révélé par les éléments de la BRI dépendant de la sûreté de wilaya de Annaba qui, grâce à la finesse dont l'enquête a été menée, a permis le démantèlement total de ce réseau de 50 personnes. À l'origine de cette affaire, une fille mineure accompagnée de sa mère dépose plainte auprès des services concernés à qui elle raconte sa malheureuse aventure. Le cerveau n'est autre que G. M. (65 ans), un Français à la tête d'une Sarl Sada. Ce dernier a transformé ses bureaux en véritable studio de cyberpornographie tout en faisant croire aux filles qu'il effectuait des essais dans le cadre d'une sélection de mannequins. Sa méthode est simple : commencer par offrir des cadeaux aux victimes, leur servir un verre de jus contenant un puissant somnifère avant de les filmer ensuite dans la tenue d'Ève. À partir de là, il passe à l'étape du chantage consistant à abuser d'elles. En cas de refus, il ferait circuler les films sur You tube. Lors du déclenchement de l'enquête, une autre fille a confirmé les faits en dévoilant le modus opérandi du vieux qui cible les filles issues de familles modestes et ayant un niveau scolaire bas. Une quinzaine de filles, dont la plupart des mineures, sont victimes de ses agissements. Mais au fil des jours, les éléments de la BRI ont fini par dénouer le réseau où sont mis en cause quatre médecins, dont un spécialiste en gynécologie, une sage-femme qui travaillait dans des cliniques privées ; ils s'occupaient de faire avorter les filles. Deux autres fonctionnaires de l'administration sont mis en cause puisque lors de l'enquête ces derniers étaient au courant des agissements de l'étranger. L'expertise technique a toutefois démontré que ce dernier plaçait ses films sur site internet moyennant des sommes d'argent sur son compte électronique. La perquisition des lieux a permis de découvrir des somnifères, des psychotropes provoquant un relâchement des muscles et une perte de connaissance. 50 personnes, dont 11 inculpées, ont été entendues dans cette affaire qui a mis en émoi toute la ville d'Annaba. A. Allia/A. Farès