Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) voit dans le taux d'abstention de 57% aux législatives du 10 mai un rejet franc du régime en place. “En ne cédant aucunement au chantage et aux menaces, les citoyens ont exprimé une nouvelle fois, avec civisme et résolution, leur rejet d'un système politique qui a plombé le pays durant plus d'un demi-siècle et qui a choisi le pire pour garantir sa survie”, analyse le secrétariat national du RCD qui s'est réuni lundi 14 mai à Alger pour faire une évaluation du scrutin qui vient de s'achever. “Ni l'implication du chef de l'Etat lui-même ni l'agitation de la menace islamiste et de périls liés à l'intervention étrangère qui furent les seuls leitmotivs des principaux animateurs de la campagne électorale, n'ont pu convaincre qu'un Algérien sur cinq à se rendre aux urnes”, relève encore le RCD. Conforté par son boycott de cette élection, le parti de Mohcine Belabbas ne s'est pas privé d'égratigner les partis qui, en l'absence de garanties solides, ont pris sur eux de prendre part aux législatives pour ensuite dénoncer, au lendemain de l'annonce des résultats, la fraude.”En l'absence d'une réelle volonté politique de réunir les conditions à même d'assurer des élections libres et transparentes, le bourrage des urnes et autres manipulations devaient inéluctablement grever ce scrutin qui a vu des partis, qui se sont rendus complices par leur participation et ont accepté le rôle de faire-valoir, pousser des cris d'orfraie au vu des sièges qui leur sont officiellement attribués”, assène la direction du RCD avant de poursuivre : “tous les participants à cette parodie dénoncent, après coup, le gonflage exagéré du taux de participation officiel et la manipulation des résultats.” Aux yeux du RCD, il ne faut surtout pas espérer voir le Conseil constitutionnel “redonner crédit” au scrutin du 10 mai “dédié tant dans son expression, son organisation et son déroulement que dans ses résultats à une recomposition clanique à l'intérieur du système”. Autre partie à subir les foudres du RCD : le chef de la mission européenne, Jose Ignacio Salafranca. “Le Rassemblement a eu raison d'avertir sur la mission, somme toute relative et limitée, de l'observation de l'UE qui a accepté l'invitation tardive du pouvoir algérien. Il déplore, par là même, les déclarations précipitées et inappropriées du chef de cette délégation, faites dès le début de la soirée du 10 mai qui avait validé le déroulement de l'opération sans attendre les conclusions des autres observateurs déployés sur le terrain”, lit-on dans le communiqué. Pour le RCD, toutes les élections qui seront encadrées par la seule administration algérienne “aussi impartiale qu'incompétente” seront inévitablement marquées du sceau de la fraude. La solution ? “Il y a lieu de procéder à l'assainissement du fichier électoral par une commission indépendante et d'engager un consensus autour d'un cahier des charges posant les fondamentaux démocratiques s'imposant à tous et de mettre en place un organe de gestion et de suivi des élections, indépendant de l'Exécutif et composé de personnalités crédibles et reconnues pour leur compétence et leur neutralité”, préconise le RCD. “Sans élections libres, arbitrées par une surveillance internationale selon les mécanismes et standards internationaux tels qu'appliqués dans d'autres pays, il est vain de prétendre mettre un terme à l'abus d'autorité, au népotisme et à la corruption”, insiste-t-il. Le boycott des élections du 10 mai traduit “le choix de la voie de la rupture par les moyens pacifiques et démocratiques”. La conviction de la direction du RCD est que “le changement passe impérativement par le dépassement du régime politique en place”. “Fidèle à ses engagements et, tout en saluant la maturité des citoyens algériens et leur adhésion au mot d'ordre du rejet de cette farce électorale, le RCD renouvelle sa disponibilité pour toute initiative en faveur d'un changement pacifique et démocratique”, conclut le communiqué du RCD. A. C.