Les pertes en produits exotiques importés par l'Algérie dans le cadre du commerce du troc frontalier, particulièrement la mangue, l'ananas, les noix de coco et les arachides, ont atteint la barre des 40%. C'est ce qui ressort de l'étude sur les perspectives des échanges commerciaux entre l'Algérie et le reste de l'Afrique, présentée à la maison de la culture par Toufik Chouchane, cadre à la Direction du commerce de la wilaya de Tamanrasset. Exemple : le suivi des pertes réalisé pendant la période de la Foire internationale de l'Assihar montre que sur une quantité de 522 000 unités de mangue, 28 800 unités sont avariées. Même constat pour les noix de coco où l'on a enregistré en moyenne 4 120 unités de perte par camion, à raison de 24 720 unités sur les 82 400 unités importées mensuellement. Pendant la même période, les pertes en ananas sont évaluées à 9367 unités, soit 40,73% des quantités importées. “Les raisons de cette situation, explique M. Chouchane, sont liées à l'absence d'une stratégie d'importation, à l'obsolescence des lois régissant ce type de commerce, particulièrement aux problèmes de transport, de conditionnement, d'entreposage et d'exposition à la vente de ces produits. Le taux des pertes est important et ne laisse pas insensibles les opérateurs de ce secteur d'activité. Des quantités non négligeables sont avariées et jetées dans la nature durant toute l'opération du troc, c'est-à-dire de l'inspection du produit aux frontières jusqu'à son arrivée au consommateur.” Pour remédier à cette situation, l'orateur a suggéré de revoir d'abord l'aspect législatif et réglementaire régissant ce commerce à l'effet de le faire adapter aux exigences du marché local et aussi de faciliter les échanges commerciaux. Il faut, ensuite, investir dans la création des unités de transformation, de conditionnement, d'entreposage et de transport frigorifique des pays du continent africain vers l'Algérie, tout en mettant le paquet sur les agences d'accompagnement et de suivi durant le processus d'exploitation. “à partir de ce moment, l'Algérie pourra viser en perspective le marché européen qui repose essentiellement sur la redynamisation et la redéfinition du rôle de la Chambre de commerce qui devrait impérativement être orientée vers la prospection du marché extérieur”, a-t-il préconisé. Ainsi, le développement de la coopération entre l'Algérie et l'Afrique est non seulement un simple choix dicté par les conjonctures économique, mais une stratégique de développement à long terme nécessitant de mettre à profit l'ensemble des avantages commerciaux et économiques mutuels. Une stratégie qui bénéficiera aussi des liens politiques et culturels qui ont été tissés tout au long de notre histoire commune. Dans ce cadre, l'exposé fait ressortir en relief la position stratégique de l'Algérie qui représente un carrefour d'échanges économiques des plus importants en Afrique. Toutefois, ce qui est paradoxal est le fait que nos exportations vers l'Afrique demeurent faibles et ne reflètent aucunement nos perspectives de coopération et le potentiel existant. Citant l'exemple tiré de l'expérience des pays Benelux (Belgique, Hollande et Luxembourg), M. Chouchane a mis en exergue les potentialités économiques dont jouit notre pays, en particulier les wilayas frontalières qui, en jouant le rôle de l'intermédiaire entre l'Europe et l'Afrique, se permettent de mettre en place de nouveaux mécanismes à même de booster l'économie locale vers le progrès. Cette stratégie vise principalement à satisfaire les besoins du marché national en favorisant le développement de plusieurs secteurs d'activité dans ces wilayas, notamment l'industrie, le commerce et l'agriculture. “L'exploitation de 2% du bilan des importations de Benelux en produits exotiques fera gagner à notre pays 100 millions de dollars par an à raison de 70 000 t/an”, a-t-il souligné, avant de conclure : “à elle seule, la wilaya de Tamanrasset où seront réalisées plus de 24 unités industrielles, d'un coût global de 600 millions de DA, fera gagner au Trésor public 2,5 millions de dollars/an et permettra de générer 435 postes d'emploi permanent et 1740 autres temporaires.” R K