Après un mutisme qui aura duré une semaine, le Front des forces socialistes (FFS) a consenti enfin à réagir aux résultats des élections législatives du 10 mai. Dans un communiqué rendu public hier, à l'issue d'une réunion des têtes de liste, tenue à Alger et consacrée à l'évaluation du scrutin, au débat sur la situation du pays et à la définition des priorités du parti sur les plans politique et organisationnel, le FFS s'est dit “victime d'une spoliation de sièges”. Une dizaine de recours ont ainsi été déposés auprès du Conseil constitutionnel. N'eut été l'absence de preuves matérielles, il aurait même introduit beaucoup plus, atteste-t-il. “Le manque de preuves matérielles (absence de PV de dépouillement dans plusieurs centres de vote en particulier) n'a pas permis d'en introduire davantage”, relève-t-il. Selon lui, le scrutin a été marqué par l'éparpillement des voix entre plusieurs partis et la mainmise de l'administration sur le contrôle du processus électoral. Et si le dispositif électoral a fait échec à la polarisation du champ politique islamistes/anti-islamistes, il reste que la large victoire du FLN ne prête pas à optimisme pour le devenir démocratique du pays, suggère-t-il. “Le dispositif électoral mis en place par le pouvoir a fait échec au scénario de la polarisation du champ politique en islamistes/anti-islamistes. Il reste que la production d'une majorité FLN non représentative ne favorisera pas la transition vers la démocratie et ne modifie pas de façon significative les donnes politiques dans le pays.” Dès lors, il appelle les partis politiques, une réponse sans doute au “front des mécontents” réunis mercredi dernier pour arrêter une stratégie de riposte après les résultats du scrutin, à “réhabiliter” le politique et à “coordonner le contrôle” lors des prochaines échéances électorales. “Amorcer un processus de transition suppose une conduite plus cohérente de la part des forces politiques. Elles se devraient de faire de la réhabilitation du politique la priorité. L'objectif politique du FFS depuis sa fondation est de réhabiliter le politique comme mode de gestion et de résolution pacifique des conflits. Face à l'état de démobilisation, de démoralisation et de dépolitisation de la société, le rétablissement de la confiance dans le politique est une condition sine qua non. Sans cela, nous n'aurons pas de représentation nationale incontestée et incontestable”, soutient le FFS. “Les forces politiques du pays doivent, à l'occasion des échéances électorales à venir, déployer plus d'efforts pour imposer le contrôle du processus électoral à toutes les étapes, en particulier au moment de l'établissement des procès-verbaux des résultats. À cet effet, une coordination entre les participants devra être nécessaire”, ajoute-t-il sans la précision d'usage souvent avancée par le parti, à savoir les “forces autonomes”. Mais le FFS, qui ne s'attaque ni à Bouteflika ni aux “décideurs”, n'évoque ni un éventuel retrait de l'assemblée ni des actions communes à entreprendre avec les autres partis. Le FFS, qui semble satisfait des résultats, se tourne plutôt vers l'avenir et entend se redéployer davantage. “Le nombre de sièges obtenus par le FFS, grâce à la mobilisation des citoyennes et des citoyens, va permettre à ses militants d'envisager l'avenir avec plus d'optimisme. La capitalisation de l'élan de sympathie suscitée par la campagne électorale est l'une des priorités de notre parti en vue des prochaines échéances”, écrit le FFS. Des rencontres régionales des militants sont prévues dans ce contexte les 1er et 2 juin prochain à Constantine, Ghardaïa et Oran. Il appelle enfin les militants et les citoyens à poursuivre leurs efforts pour réhabiliter le politique et imposer le changement. K K