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LES PARTIS ISLAMISTES FACE À L'ECHEC
Les sectes et les promesses d'un éden
Publié dans Liberté le 19 - 05 - 2012

Le repoussoir islamiste, que le pouvoir algérien a créé dans les années 1970 pour contrer les gauchistes et toutes sortes d'opposants, a fonctionné à la perfection aux échéances électorales du 10 mai. Le FLN a récolté la mise de plusieurs décennies de manipulation de ce courant qui lui sert dans les moments de crise. Parfois, l'islamisme apparaît comme la deuxième face du pouvoir, qui arrive à retourner la situation en sa faveur juste en brandissant ce spectre. À chaque fois, ce système trouve une ruse, comme un chat qui retombe toujours sur ses pattes. Et sa fin de règne moribonde semble interminable, éprouvante pour un peuple qui a jeté l'éponge, vaincu.
Avant d'être une humiliation pour les islamistes, l'abstention conjuguée à un vote sanction (ou un vote refuge) est d'abord une humiliation pour le système, la plus grande qui soit s'il avait des yeux pour voir et des oreilles pour entendre la désespérance du peuple et la haine qu'il lui voue ; tout le système, FLN, RND et forces de l'ombre réunis. L'abstention, autant que le vote, traduit un désespoir généralisé, un dégoût et une impuissance qui ont épuisé tous les autres moyens, grèves, émeutes, immolations, harga… Les 60% ou plus qui ont boycotté ou mis un bulletin nul exprimaient cette désespérance face à une situation économique insoutenable, avec une cherté de la vie qui a réduit à la pauvreté et au chômage des pans entiers de la société, un taux de chômage que les mensonges disent égaler ceux de certains pays développés ! Avec un taux officiel de 9,7%, l'Algérie se classerait devant la France avec ses 10%, l'Iran avec ses 15%, l'Irlande ses 14,5%, l'Arabie Saoudite avec ses 10,9%, l'Afrique du Sud avec ses 23,9% et la Grèce avec 21%... À la détresse économique s'ajoutent la malvie et, surtout, l'insécurité avec l'augmentation exponentielle de la criminalité, du vol à main armée et des agressions qui inquiètent les citoyens au plus haut point car ils prennent les contours d'un véritable terrorisme. D'ailleurs, sur les chaînes de télévision, on entend des dizaines de citoyens, et on entend encore autour de nous des gens, pourtant désespérés, dire qu'ils ne veulent rien, juste la paix, la sécurité, pas même un salaire décent, pas même un logement, juste “el-hna”, un bol d'air non pourri par les tintamarres de la violence.
La majorité des votants a commis un vote refuge, un vote du dernier espoir, ou plutôt de désespoir, en jetant un bulletin dans l'urne comme un naufragé jette une bouteille à la mer. Mais un ministre de l'Intérieur osait déclarer, satisfait : “Le peuple en 1991 a voté une sanction contre le FLN, en 2012 c'est un vote refuge en faveur du FLN.” Contrairement à ce que pense Ould Kablia, ce résultat ne reflète pas un amour du FLN, ni une caution pour les “réussites” dont il se targue. C'est d'abord une sanction contre l'islamisme mais aussi contre les autres partis démocratiques qui n'ont pas su s'unir ni donner une image digne de formations conscientes du péril, de l'angoisse du peuple, de son besoin d'une formation ou d'une alliance forte et crédible à qui confier son désarroi, qui soit capable de le sortir de la boue. La majorité de ceux qui ont voté n'a eu d'autre choix que de revenir au rafiot du FLN dans l'espoir que ce ralliement au sein d'une seule et même formation soit salutaire, qu'il soit un signe de l'unité du peuple dans un seul désir que les barbus ne prennent pas le dessus. Les suffrages sont certes allés au FLN mais ce n'est pas un plébiscite car ses échecs sont patents. Comment le couple FLN-RND peut-il susciter l'amour du peuple avec des ministres datables au carbone 14, ces Benbouzid, Rahmani, Ould-Abbès, Ghlamallah, Ghoul et consorts qui symbolisent les tares multidécennales du système ? Bouteflika a raison de dire que sa génération est finie, sauf qu'elle l'était déjà dans les années 70, lorsque sont sortis de nos universités les premiers cadres compétents, capables de prendre la relève des gens de Novembre et traduire leurs compétences scientifiques et techniques en développement économique et social. À cette époque-là déjà, l'Algérie avait les chances du Brésil et de l'Espagne pour accéder au développement. Aujourd'hui, si l'on réunissait les cadres algériens qui sont en Algérie et à l'étranger, ils seraient capables de gouverner les USA ou l'Angleterre, pas uniquement notre pays ! Mais Bouteflika a accaparé le pouvoir, croyant être le mieux placé alors que les résultats sont piteux pour celui que l'on dit avoir été conseiller aux Emirats ! De pays en développement, nous voilà dépassés par des pays à peine sortis de la guitoune, par Bahreïn et le Qatar, malheureusement devenus des références pour les Algériennes et les Algériens dans beaucoup de domaines. Au lieu de démissionner, les derniers fossiles continuent à hâbler et à promettre pour faire durer le suspense et préserver leurs clans et privilèges. Insatiables. Pour se perpétuer, ils ont concocté cette élection piège. Qui contraint un peuple à choisir entre la peste et le choléra ! Quelle réussite pour un programme présidentiel qui a coûté des centaines de milliards de dollars ! La trahison inscrite dans leurs gènes qu'ils ripailleraient jusqu'à la dernière goutte de pétrole, ils continuent à tenir le pays en otage.
En participant aux élections et faisant de l'entrisme, les partis islamistes ont permis au pouvoir de se perpétuer. Quitte à se laisser domestiquer, neutraliser. Car les dividendes comptaient pour eux plus que le sort de leur parti, un fonds de commerce, comme un autre, renouvelable par agrément au bureau de la docilité. Ils ont perdu, alors ils crient comme des vierges effarouchées ; et il n'est pas sûr que l'avenir leur réserve un grand retour car avec ces élections, le FLN et le RND semblent s'être installés dans la durée comme les deux grandes forces politiques du pays. À moins d'une recomposition complète du champ politique avec une puissante alliance de tous les démocrates, qui écraserait définitivement l'islamisme politique. Car le duo FLN-RND n'a fait que reporter cette échéance, le mettant sous perfusion, le maintenant dans le coma artificiel ou le requinquant, selon leurs besoins. En tout cas, c'est cette contradiction qui restera dans l'histoire : l'islamisme n'a pas été mis KO par ses ennemis (RCD, FFS, Benyounès, ANR ou PST…), mais ceux qui l'ont nourri au meilleur fourrage.
“Pour moi, l'islam est un système complet avec sa foi, son économie, ses aspects sociaux, légaux et politiques”, a dit un Djaballah qui compte gérer un pays en lisant dans le marc de café. Le système de navigation avec GPS, il le réserve à son véhicule, pas pour mener une Algérie qu'il se targue de pouvoir piloter. La piété n'a rien à voir avec la politique mais nul ne peut désormais empêcher l'instrumentalisation de la religion à cette fin, surtout depuis que ces “printemps arabes” ont légalisé toutes les forces rétrogrades, alors que dans certains pays, comme la Libye, l'Egypte, la Tunisie et la Syrie, ces formations étaient interdites.
Nouveaux gourous sans aura
En Algérie, la peur d'une résurgence islamiste a donné des sueurs froides à beaucoup, qui ont alors adoubé un FLN honni face au grand ennemi vert aux dérives fascisantes et mortelles. Pourtant, cette “doctrine” dont les ancêtres sont les Frères musulmans n'a pas été créée pour tuer des musulmans. Bien au contraire : elle a participé à l'insurrection arabe de Palestine en 1936 et à toutes les luttes contre le mouvement sioniste et contre l'instauration de l'Etat d'Israël. Dès 1952, les Etats-Unis décident de prendre les Frères musulmans comme alliés contre le socialisme émergent de Djamel Abdel Nasser et contre l'établissement de régimes similaires ou communistes au Moyen-Orient. Mais l'instrumentalisation de l'islam par l'Occident a commencé avec Lawrence d'Arabie, qui avait compris dès 1916 qu'il suffisait de parler arabe et de prier Allah pour mener par le bout du nez des foules musulmanes exaltées. Il a écrit qu'on peut modeler un musulman à son goût en jouant sur sa fibre religieuse. Le premier agent américain au sein des Frères musulmans est Saïd Ramadan en 1953. En 1957, Nasser interdit l'association des Frères musulmans et incarcérait près de 20 000 de ses militants, dont le leader actuel d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri. L'histoire se précipitera de plus en plus, jusqu'à l'instrumentalisation des islamistes pour chasser le communisme d'Afghanistan, puis pour déstabiliser l'Algérie dans le cadre d'un nouvel ordre mondial qui n'avouait pas encore son nom, avec la manipulation des MIA, AIS et autres GIA, puis l'attentat du 11 Septembre qui eut pour conséquence l'augmentation des ventes d'armes américaines, notamment au Pentagone qui dépensera 3 000 milliards de dollars en Irak (2003 à 2011) et, enfin, ces “printemps arabes” dont le grand gagnant est encore le complexe militaro-industriel étasunien. Les islamistes ont raison de clamer que “l'islam est une loi complète pour diriger cette vie et celle de l'au-delà”, mais à titre individuel, pas de la société tout entière sous leur cravache de mollahs. Quel est le verset coranique qui leur donne le pouvoir de régenter la vie privée ou de gérer des affaires publiques ? Basé sur cette grande mystification, l'islamisme est en contradiction avec les fondements d'une religion axée sur la liberté individuelle, sans carcans politiques, et sur l'acceptation libre de ces principes ou leur refus, comme le stipulent les versets qui disent : “Vous avez votre religion et j'ai la mienne” et “point de contrainte en religion”. Or, les vues islamistes s'opposent aux conceptions modernes des Etats, dans leurs conceptions laïques comme dans les réalités multiconfessionnelles de toutes les communautés humaines, en Algérie comme ailleurs.
Parmi les autres raisons de l'échec des islamistes aux législatives du 10 mai, il y a le fait que cette “doctrine” s'articule, habituellement, sur l'aura des gourous qui permet d'usurper des traditions anciennes, d'édicter des règles, de codifier la violence, de diaboliser les ennemis et d'instrumentaliser les sentiments refoulés des individus au bénéfice du totalitarisme d'une secte. Mais pour l'efficacité de cet endoctrinement, de ce lavage de cerveau, il faut avoir une aura qui justifie un culte de la personnalité, ce que les leaders actuels des différentes formations en islamistes algériennes n'ont pas. D'où leur échec. Car sans les effets spectaculaires de discours enflammés qui font prendre de piètres déclamations pour des miracles, la thèse totalitaire perd son pouvoir fascinateur. Le “miracle” fasciste, hitlérien, mussolinien, khomeynien ou du FIS n'a été efficace que parce qu'enrobé dans un style et une phraséologie dont seuls sont capables les grands orateurs, sinon il apparaît dans sa petitesse de doctrine peu crédible, qui n'est articulée sur aucune idéologie sérieuse.
Dans L'âge des foules, publié aux éditions Fayard en 1981 puis aux éditions Complexe en 1985, Serge Moscovici démonte ce mécanisme qui doit ses procédés fascinateurs aux fondateurs de la psychologie des foules et à Gustave Le Bon, de Tarde et Freud en particulier, qui ont inspiré les grands dictateurs. Il n'y a pas de miracle fasciste sans culte de personnalité, ce qu'ignorent les gourous en cravate. Djaballah porte chéchia, burnous et costume cravate : ce n'est pas avec une mode hybride d'opportuniste déclaré qu'il peut concurrencer Abassi.
A. E. T.


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