La journée était émouvante pour tous les algériens. Sa famille, ses amis et ses fans, lui ont rendu un dernier hommage dans la douleur et la tristesse. palais de la culture Moufdi-Zakaria, 9h. Devant la porte d'entrée, une vingtaine d'hommes et de femmes, les larmes aux yeux, munis de roses rouges, espéraient voir une dernière fois leur idole. Les minutes passent, la tension monte et la douleur envahit la grande salle du palais. Les enfants de Warda, ses amis et ses admirateurs étaient présents pour lui rendre un dernier hommage. Trente minutes plus tard, la ministre de la culture, Khalida Toumi, et le directeur de l'Office national de la culture et de l'information (Onci), Lakhdar Bentourki, accueillent la délégation ayant rapatrié le corps de la diva, Warda El-Djaïzaria. La dépouille est déposée dans le hall. Les youyous fusent de partout. De nombreux artistes et personnalités se sont déplacés pour se recueillir et rendre un ultime hommage à la diva : Amin Zaoui, l'ambassadeur de Palestine, Sidi-Saïd, le chanteur émirati Mohcen El-Jassemy, Abdelkader Bendaâmache et tant d'autres. À travers ses chansons, ses textes et sa classe, Warda a conquis le cœur de toutes les tranches d'âge. Les artistes de la nouvelle génération considèrent la diva comme une “mère”. “Nous avons grandi avec elle, à travers son parcours et son art. Personnellement, j'ai eu le privilège de la rencontrer en Egypte. Egale à elle-même, ses chansons reflètent sa personnalité”, a exprimé, la mort dans l'âme, Abdallah El-Kourd, vainqueur de la première saison d'Alhane Wa Chabeb. Quant à la jeune comédienne, Rym Takchout, elle a tenu à dire : “On la considère de notre génération car elle a chanté pour tous. Nous lui devons beaucoup de respect ! Warda est l'Algérie et elle restera éternelle. Dans ses textes, on ressent son amour et ses souffrances pour le pays.” Concernant les moins jeunes de l'univers artistique, nombreux ont eu la chance de rencontrer Warda et même de travailler à ses côtés. Cela est le cas de Lakhdar Bentourki, qui a fait sa connaissance en 1972. “J'ai bossé avec elle à mes débuts. Notre relation n'était pas seulement artistique, mais humaine. Personne ne connaissait son grand côté humain. C'était une femme extraordinaire, à chaque fois que je l'invitais pour se produire, elle ne demandait aucun sou”, a-t-il avoué. Ayant travaillé aux côtés de Warda récemment, Joseph Ged, directeur de Nedjma, a signalé : “De Warda, je garde le souvenir d'une grande dame. D'une algérienne authentique qui portait son pays dans son cœur. Ce que je tiens de notre collaboration, c'est son humilité, son humanisme, son professionnalisme et surtout sa disponibilité pour son public, pour les algériens et pour l'Algérie.” Vêtue en noir, drapée de l'emblème national, la chanteuse Fella Ababsa semblait bouleversée par la disparition de son “amie”. “Nous sommes ici pour saluer notre bien-aimée. À travers ses chansons, elle nous a laissé un riche patrimoine. C'est une artiste d'une grande beauté. Grâce à elle, nous avons appris à chanter. Elle restera toujours dans nos cœurs et notre rose ne se fanera jamais”, a-t-elle souligné. Sous ses grosses lunettes noires, Habib Chawki Hamraoui a raconté qu'“il a été contacté par le monde entier pour la présentation des condoléances. Mais, nous présentons ces condoléances au peuple algérien”. Le cinéaste, écrivain et directeur de la Bibliothèque national, Azzedine Mihoubi, aurait aimé “voir avant le départ de Warda, la sortie d'un album de toute sa carrière pour la célébration du cinquantenaire. C'est une référence musicale pour l'Algérie. Elle a pu s'adapter avec chaque génération, cela démontre la grandeur de sa personnalité musicale. Je souhaite aussi la création d'une infrastructure en son nom, pour la culture algérienne”. À quelques minutes du départ pour le cimetière d'El-Allia, Khalida Toumi a affirmé dans son discours que “Warda a offert à cette nation le meilleur de ce qu'une voix peut offrir et de ce dont une épopée peut être fière. Les nouvelles générations continueront de fredonner ses chansons”. Et d'ajouter : “Elle se préparait à célébrer le cinquantenaire de l'Indépendance avec son peuple. Même si elle nous quitte, son âme chantera cette célébration, comme elle aurait aimé le faire, d'une voix douce, sur de belles compositions et des textes ciselés.” La dépouille est alors transportée au cimetière d'El-Alia ; Warda El-Djazaïria y sera inhumée en début d'après-midi en présence d'une foule composée d'officiels, d'artistes, d'hommes de culture et de beaucoup d'admirateurs. Aux côtés des membres de la famille de la défunte, étaient présents notamment le Premier ministre, M. Ahmed Ouyahia, accompagné de plusieurs de ses ministres. H M