À l'occasion de la commémoration de la mort de l'ayatollah Khomeiny, fondateur de la République islamique d'Iran, le Guide suprême, l'ayatollah Khamenei, a averti dans un discours l'Occident et Israël que toute attaque contre ses sites nucléaires serait suivie de lourdes représailles. “Si les dirigeants sionistes parlent d'action militaire [contre l'Iran], c'est parce qu'ils sont terrifiés [...] et plus vulnérables que jamais. Toute mauvaise décision [...] leur retombera sur la tête comme la foudre.” Le mot de l'ayatollah est fort et vise à dissuader les Etats-Unis et Israël de toute action militaire contre la République islamique dans le cas où les négociations en cours échoueraient. L'ayatollah expose ainsi une défense basée sur un équilibre de la terreur : l'Iran fera usage de sa “foudre” seulement s'il est agressé. Sa “foudre” ? Les missiles de croisières expérimentés cet hiver et la si redoutée fermeture du détroit d'Ormuz, par où transitent près de 35% du trafic pétrolier maritime mondial. Dans son discours, l'ayatollah Khamenei a, par ailleurs, accusé l'Occident de mentir sur le danger nucléaire iranien : “Les cercles politiques et les médias internationaux disent que l'Iran nucléaire est dangereux. Je dis que c'est un mensonge.” L'ayatollah a revendiqué le droit au nucléaire civil pour l'Iran comme un droit au progrès. Il a ainsi affirmé que le pays ne “s'arrêtera pas sur la voie du progrès politique, scientifique ou technologique.” De plus, les dirigeants iraniens ont toujours fermement démenti la volonté du pays de se doter de l'arme nucléaire, que l'ayatollah qualifie d' “haram”. L'histoire nucléaire du pays comporte néanmoins des trous, des incohérences qui justifient la méfiance des pays occidentaux. Ils soupçonnent l'Iran d'avoir un objectif militaire derrière son programme nucléaire, qui a été condamné par six résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU depuis 2006. En réponse aux craintes occidentales, l'ayatollah a, hier, déclaré : “Ce dont ils ont peur, ce n'est pas de l'Iran nucléaire mais de l'Iran islamique”, insinuant que le nucléaire n'est qu'un prétexte pour stigmatiser et sanctionner une République islamique qui dérange. Le Guide Suprême a réaffirmé son mépris des sanctions internationales qui étranglent son pays. Selon lui, l'Iran parvient à leur faire face, et, si sévères soient-elles, Khamenei affirme qu'elles “n'ont aucun effet et ne peuvent arrêter le peuple iranien.” “Elles ne font que renforcer sa haine à l'égard des Occidentaux.” Ce discours, qui s'éloigne des excès passés, vise surtout à faire oublier l'enlisement du pays dans l'isolement diplomatique. M. C. F.