Des poteaux téléphoniques datant des années 60, des boîtes de raccordement éventrées, des câbles enchevêtrés, noués de toutes parts et suspendus sur des poteaux électriques, arbres, balcons, cheminées et sur des toitures. Des câbles enterrés et inaccessibles que les agents d'AT retirent à l'aide d'un fil de fer pour pouvoir réparer. Avec un réseau téléphonique fluctuant et largement dépassé par le temps, la population de Bouzeguène paraît, plus que jamais, vivre à l'ère du standard. Un constat partagé par les travailleurs d'Algérie Télécom. “Nous travaillons dans des conditions exécrables, sans moyens et sur un réseau archaïque dépassé. Nous comprenons les clients qui réclament de meilleures prestations de service mais il faut qu'ils sachent que nous sommes dépassés. Tout le réseau téléphonique de Bouzeguène doit être refait”, nous déclare un technicien d'Algérie Télécom devant le siège d'Actel d'Azazga. L'aveu d'incapacité sonne le glas d'une entreprise agonisante. Et pour cause, depuis les chutes de neige de février, le téléphone et l'Internet sont coupés pour de nombreux clients et toutes les réclamations tant verbales qu'écrites sont restées lettre morte. De nombreux abonnés se sont retrouvés coupés du monde. Demandez donc à une entreprise de se passer ne serait-ce qu'une journée de ses mails ou à un adolescent de ne pas se connecter sur les réseaux sociaux : impossible ! Internet fait, aujourd'hui, totalement partie de notre vie, tout comme le téléphone portable. Faute de téléphone, les conséquences peuvent se révéler dramatiques pour les familles. Ce sont parfois des citoyens qui se mobilisent pour évacuer les malades en l'absence de téléphone. Des mouvements d'agitation rythment quotidiennement l'activité d'Algérie Télécom. Il ne se passe pas un jour sans que des réclamations fusent au siège d'Actel. Les jeunes filles, chargées d'accueillir les clients, trouvent toujours des moyens de tempérer la colère de ces derniers qui retiennent difficilement leur colère : “Je recharge l'Internet tous les mois mais les coupures sont très fréquentes. Il est impossible de télécharger le plus petit fichier, même avec un méga de connexion. La dernière fois, j'ai payé mais en arrivant chez mois, je n'arrivais pas à me connecter. En retournant pour réclamer, je découvris que la préposée ne m'avait pas connecté. L'Internet est également trop cher. Je voulais rabaisser ma connexion à 512 kbits, on m'a refusé, pourquoi ?” s'indigne un jeune de Bouzeguène. De nombreux clients viennent aussi réclamer le rétablissement de la sonnerie de leur ligne. Contrairement à l'Internet qui a besoin d'un seul fil, le téléphone, lui, à besoin de deux fils pour fonctionner. Assurer un plus haut débit c'est améliorer le service. Il est préférable de jumeler les deux croissances, celle ayant trait au nombre élevé des abonnés et celle lié à l'augmentation du débit. Beaucoup reste à faire pour moderniser l'entreprise et surtout améliorer la qualité du service. Algérie Télécom (AT) est en quête de modernisation et de développement. Mais l'amélioration de la qualité de service reste le point commun entre les deux entités économiques qui ont connu, faut-il le rappeler, de grandes mutations depuis la filialisation du secteur. Le défi à relever concerne aussi la modernisation et l'exploitation de toutes les potentialités du groupe dans le but d'effacer la mauvaise image caractérisée particulièrement par le volume des réclamations des clients, la mauvaise qualité de service et le nombre sans cesse croissant de dérangements et de demandes insatisfaites. Alors que chez nos voisins du Maghreb, Libye comprise, on a accès à la fibre optique et à la 3G, chez nous et en l'absence d'entreprises privées, les abonnés ne peuvent compter que sur une connexion archaïque et un réseau de téléphonie moyenâgeux. Le bout du tunnel est encore très loin. Dommage ! C. N. O