“Il est des victoires électorales, il est des majorités parlementaires dont on ne sait apparemment que faire, même si elles paraissent numériquement écrasantes”, écrit le FFS. Le Front des forces socialistes (FFS), dont la participation au scrutin du 10 mai dernier n'a pas fini de susciter moult interrogations, a admis hier les limites des possibilités de faire aboutir à l'intérieur du Parlement les changements qu'exige le passage à une transition démocratique. “C'est en connaissance de cause que le FFS s'est présenté à ces élections. C'est-à-dire, sans aucune illusion sur le caractère limité des possibilités objectives de faire aboutir, à l'intérieur du Parlement, l'ensemble des transformations radicales que requiert le passage à une véritable transition démocratique”, a reconnu le FFS dans une déclaration rendue publique hier. Même s'il considère que sa participation a permis d'ouvrir “une brèche” dans le dispositif d'empêchement de la représentation politique de la population, il reste qu'elle ne peut constituer à elle seule “l'ensemble des bouleversements de fond que nécessite le démantèlement du régime qui a mis sur pied un tel dispositif”. Pour lui, histoire sans doute de répondre à ses détracteurs qui l'accusent de n'avoir pas dénoncé la fraude, il est “inutile” de s'attarder dans la dénonciation “répétitive” et “stérile” d'un système de fraude dont les instruments résident essentiellement en amont, mais plutôt de forger les instruments politiques et pacifiques pour mettre en échec les dispositifs à travers la remobilisation de la population. Dépolitisation brutale et délibérée de la société sur des années, élaboration de lois électorales sur mesure, contrôle du fichier électoral, dispositif d'encerclement médiatique et d'intimidation de l'électorat et/ou des représentants des candidats, rôle de l'argent sale, partialité de l'administration, orientation du vote des corps constitués sont autant de paramètres qui faussent le scrutin, selon lui. “Les irrégularités constatées, lors du scrutin, ne sont pas de nature à changer les résultats fabriqués depuis longtemps”, écrit le FFS. Un tel dispositif, soutient-il encore, se combat par des moyens autrement plus efficaces que l'éternel “bendir creux” de la dénonciation médiatique, qui plus est sur des supports qui s'inscrivent eux-mêmes dans une logique pas toujours favorable au politique. Dès lors, le parti qui vient d'achever trois regroupements avec les militants, à l'est, à l'ouest et au sud du pays se dit “plus que jamais convaincu qu'aucune tentative politique, démocratique et pacifique de remobilisation de la population et du sens de l'engagement civique au sein de la société ne doit être ignorée”. “Il en va du devenir de notre pays, de la cohésion de notre société et de la poursuite du projet libérateur, démocratique et moderniste (…)”, écrit le FFS. Cette remobilisation est d'autant impérieuse que la situation née des élections est “inédite et complexe”. “C'est le temps des incertitudes”, selon le FFS. “Il est des victoires électorales, il est des majorités parlementaires dont on ne sait apparemment que faire, même si elles paraissent numériquement écrasantes ; des décisions et des mesures politiques attendues depuis la proclamation des résultats officiels par le Conseil constitutionnel tardent à voir le jour. On ne sait pas encore si la recomposition politique en cours est de nature à permettre le jeu politique plus ouvert ou, au contraire, à renforcer le statu quo.” Le FFS se dit “ouvert à toute tentative visant à réunir les conditions les meilleures pour un rassemblement réel de toutes les énergies décidées à sauver, pacifiquement et démocratiquement, l'Algérie des griffes de la prédation, de la violence, du dépérissement moral et des multiples régressions qui ont proliféré à l'ombre de l'autoritarisme d'Etat”.