Déjà dix-huit années sont passées depuis que notre confrère Ferhat Cherkit, journaliste à El Moudjahid, est tombé sous les balles lâches des terroristes. C'était le matin d'un jour ordinaire dans une ruelle d'Alger, alors qu'il se rendait à son journal pour la réunion du “menu”. Ce jour-là, “les chasseurs d'étoiles”, pour reprendre la métaphore de Matoub Lounès, l'ont empêché d'être présent à cette réunion. Et à toutes les réunions qui suivront. Pour autant, Ferhat, le “barbu”, a marqué à jamais de sa personne la rédaction d'“El Moudj” dont il a été l'un des piliers au sein de la rubrique culturelle. Dans son bureau où livres et revues étaient posés pêle-mêle, Ferhat, avec ses lunettes au bout du nez, en train de mettre la dernière main à un papier sur une “expo”, “une générale” de théâtre. Entre un jet et un autre, Ferhat trouvait le temps de s'arracher à son papier pour raconter une anecdote, faire un commentaire. Toujours avec ce sourire en coin qui fait de lui le complice involontaire de son interlocuteur. Ferhat Cherkit, c'est la passion pour la culture qu'il partage avec cette rubrique qui a abrité bien des plumes. Ferhat, c'était le journaliste, pour les lecteurs, mais aussi l'homme pour ses collègues, ses amis, sa famille. Un homme affable et bon enfant, un homme généreux. Comme tous les intellectuels victimes du terrorisme, Ferhat a payé de sa vie pour ce noble métier d'informer. Repose en paix ! Ferhat.