Le coup d'envoi à la Cinémathèque a permis de découvrir le très beau documentaire, La Chine est encore loin, projeté pour la première fois en salle. La passerelle d'échange, de partage et de réflexion autour du cinéma marque sa dixième année. Le président de l'association Projet' Heurts, Abdennour Hochiche, est content de voir l'aboutissement de “ces rencontres entre ceux qui font les films et ceux qui les regardent”. C'est à la Cinémathèque qu'ont lieu ces Xes rencontres cinématographiques de Béjaïa, qui ont démarré avant-hier soir avec la projection de La Chine est encore loin, de Malek Bensmaïl. Projeté pour la première fois en salle, ce documentaire de 130 mn revient sur un sujet poignant qui touche des générations entières : la transmission du savoir en Algérie, la relation prof-élève, l'histoire occultée “enseignée, officielle et histoire réelle”. Besma, Sara, Khalef, Bilal et les autres sont des enfants du petit village de Ghassira à Batna, à quelques kilomètres seulement des balcons du Ghouffi. Cette région faisant partie de l'histoire algérienne a connu un certain premier novembre 1954, le premier coup de feu annonçant la déclaration de la guerre d'indépendance. Fréquentant l'école où enseignait l'instituteur Monerot, abattu accidentellement, les écoliers de la classe de sixième ignorent leur passé, les grandes pages de leur pays. Tout au long de l'année, Malek Bensmaïl, a suivi ces enfants dans leur quotidien à l'école. Un système éducatif enseigné par leurs professeurs (victimes du même système). Ces écoliers apprennent leurs leçons par cœur dès fois sans comprendre le sens. Dès leur jeune âge, le choix est fait : “Y en a marre de l'école !” Les filles semblent plus intéressées, comme la petite Besma qui fait des efforts pour réussir. Touchant, bouleversant, hilarant, frustrant sont les sentiments provoqués par ce documentaire qui fait ressortir à travers des enfants de dix ans, le malaise social. Une génération éduquée dans l'ignorance. Se levant tous les jours avec cette même monotonie, d'autres personnes partagent le quotidien de ces bouts de chou : une femme veille à la propreté de l'établissement : “Je n'ai jamais connu la tendresse, ni celle de mes parents, ni celle de mon mari, ni celle de mes enfants,” témoigne-t-elle. Un autre personnage qui ne figure pas sur les manuels scolaires est retrouvé par Malek Bensmaïl. Mais on ne dévoilera pas tout du film. La force des enfants est surprenante, comédiens malgré eux, ils ont joué des rôles parfaits. Cependant, à certains moments, le spectateur se trouble, perd le fil conducteur. Les thèmes sont divers et les histoires diffèrent : les moudjahidine, la guerre, le guide touristique errant, etc. “J'étais parti pour une idée fixe. Réaliser un doc sur la transmission du savoir et j'ai rencontré ces personnages. En faisant un doc, on revient sur une autre intuition. Car, ce n'est pas un reportage journalistique”, a indiqué le réalisateur. “Il faut rechercher la science jusqu'en Chine”, dit le hadith du Prophète. À travers ce message, Malek Bensmaïl, a tenté de déceler la problématique de l'enseignement algérien qui reste très loin de la Chine H. M.