Muets et bien muselés par la défense anglaise, Karim Benzema et Franck Ribéry détiennent la clé de la réussite de l'équipe de France, demain face à l'Ukraine, où les deux stars seront attendues au tournant lors d'un match déjà couperet pour la suite de l'aventure à l'Euro-2012. Le prestation du duo contre la sélection aux Trois Lions (1-1), lundi, n'a pas été catastrophique, loin de là. Mais ni l'attaquant madrilène ni le milieu du Bayern Munich n'ont réussi à faire la différence et à faire exploser l'arrière-garde adverse, laissant le beau rôle à Samir Nasri, auteur de l'égalisation. De quoi susciter une certaine frustration alors que Benzema et Ribéry sont les seuls à être considérés comme des joueurs de classe mondiale dans cette équipe de France jeune et inexpérimentée. Les rencontres de préparation avaient pourtant fait naître beaucoup d'espoirs, actant notamment la résurrection de “Francky” en bleu après deux ans de malheurs extra-sportifs (affaire Zahia, grève de l'entraînement au Mondial-2010). Avec 3 buts en 3 matches, Ribéry (29 ans, 10 buts en 61 sélections) a mis fin à une disette de plus de 3 ans en sélection alors que Benzema (24 ans, 15 buts en 46 sélections) a évolué dans la lignée de sa superbe saison au Real avec un beau doublé contre l'Estonie (4-0) juste avant le départ pour l'Ukraine. Mais ces belles prédispositions ne se sont pas concrétisées face aux Anglais. Ribéry a une nouvelle fois prouvé qu'il était dans une forme physique étincelante mais s'est trop compliqué la tâche, notamment en seconde période. Benzema, pris en tenaille par le duo Terry-Lescott, a lui préféré dézoner et venir chercher les ballons plus bas pour se libérer du marquage serré de la défense anglaise, réveillant le sombre souvenir de Nicolas Anelka au Mondial-2010. “Quand vous dites que Karim Benzema décroche, est-ce que vous l'avez regardé au Real Madrid ? Il décroche énormément. Face à une défense regroupée, il faut essayer de se démarquer et de chercher l'espace. Karim joue habituellement comme ça. C'est vrai qu'il peut jouer en profondeur parce qu'il a des jambes mais jouer contre une équipe regroupée comme ça, ce n'est pas facile pour un avant-centre”, a analysé le sélectionneur Laurent Blanc. “On a cherché à jouer pendant 90 minutes, on a quand même fait deux fois plus de passes qu'eux mais il n'y avait pas d'air. Il faisait très chaud, c'était très dur”, s'est de son côté justifié Ribéry. Quel sera le type d'opposition que proposera Oleg Blokhine aux attaquants français ? Une chose est sûre : même si les Ukrainiens, qui ont remporté leur premier match contre la Suède (2-1), décident de miser sur la défense et d'ériger un mur devant leur surface de réparation, Benzema et Ribéry n'auront cette fois aucune excuse à invoquer. Hormis le vieillissant Anatoli Tymoschuk (33 ans), milieu du Bayern Munich, aucun membre du secteur défensif ukrainien n'évolue en effet dans un grand club européen. Dans un tel contexte, le rôle des deux vedettes de l'attaque française sera prépondérant, d'autant que les 90 minutes qui attendent les Bleus seront cruciales avec une obligation de l'emporter pour éviter de se placer dans une position inconfortable avant le dernier match face à la Suède, mardi. La France ne pourra sûrement pas s'offrir le luxe d'une nouvelle copie blanche de ses deux superstars si elle souhaite poursuivre sa route à l'Euro.