Résumé : La veille de leur départ sur Alger, Yamina feint d'être malade. Elle garde le lit pendant toute la journée. Elle profite d'un moment pour réunir ses affaires. Le soir, elle quitte le pavillon quand tous sont sortis au restaurant. Hélas, elle ne trouve pas Josette chez elle ... C'est le comble de la malchance pour la jeune fille. Elle reste près d'une heure, devant la porte, espérant que Josette allait revenir d'une minute à l'autre. Elle ne revient pas. Ne voulant pas attirer l'attention des voisins-qui sait, s'ils n'appelleront pas la police- Yamina se fait toute petite même quand elle commence à s'impatienter. Il est très tard. Josette n'allait pas rentrer. Il est près de 22h quand elle quitte la cage d'escalier. Elle marche au hasard, le sac à l'épaule. Elle est furieuse contre sa malchance. Elle comptait sur la dame et sa compréhension, pour rester chez elle, quelque temps. _ Je voulais qu'elle me dépanne, pense-t-elle. Et me voilà à traîner dans les rues ! Où vais-je passer la nuit ? Elle pense à se rendre à l'hôtel mais ce serait vite dépenser les quelques billets pris dans le sac de Nadia. Elle imagine la mine qu'elle fera quand elle le découvrira. Elle ne sautera pas de joie et poussera son mari Rachid, à alerter la police. Je dois me mettre à l'abri, se dit-elle, pour qu'ils ne me retrouvent pas ! Elle ne veut pas traîner dans les rues plus longtemps. Malgré la déception et la colère, elle ressent la faim. Elle entre dans un restaurant et doit attendre un moment. Quand une table se libère enfin, un serveur l'y mène. Elle se reconnaît un peu en lui. Le restaurant appartient à un couple originaire du Maghreb et les employés aussi. Les plats servis lui rappellent ceux que faisait sa mère. Que prenez-vous ?lui demande le serveur. Le plat du jour, répond-elle. Est ce que votre patron est ici ? Oui, pourquoi ? Je voudrais le voir, si c'est possible ... Elle suit le serveur des yeux et le voit s'adresser à une femme d'âge mûre. Petite, ronde et les cheveux teints en blond, on peut dire que c'est une belle femme. Son sourire lui paraît sincère. Quand elle vient à sa table, Yamina se demande si elle aura le courage de lui dire ce qu'elle pense. Une idée lui a traversé l'esprit et comme toujours, elle est impulsive. À votre service ! lui dit-elle en se penchant légèrement vers elle. Voilà, je suis à la recherche d'un petit boulot, lâche-t-elle d'un coup. Est-ce que vous n'avez pas besoin d'aide ? Non, je n'ai pas besoin d'une nouvelle employée, répond la patronne. Vous n'avez pas où m'envoyer ? Vous ne connaissez pas quelqu'un qui aurait besoin d'une aide, à domicile ou ailleurs ?insiste Yamina alors que le serveur apporte une assiette de courgettes et de poivrons farcis. Je ferais n'importe quoi, je vous en prie ! Vous n'avez pas où passer la nuit, n'est-ce pas ?l'interroge-t-elle après avoir remarqué son sac. Vous n'avez pas de famille ? Pas d'amis ? Hélas, ni l'une ni l'autre ... je vous en prie, aidez-moi ! Mebrouka ! Un vieux vient d'appeler la patronne par son prénom. Celle-ci répond par un geste de la main. Yamina sourit, sentant comme un signe du destin. Votre prénom est déjà une réponse favorable pour moi, dit-elle. Je ne fais pas de cadeaux et personne n'est gagnant avec moi, répond Mebrouka. Mais mangez tant que c'est chaud ! je reviendrais vous voir après ! La jeune fille remarque qu'il n'y a plus beaucoup de clients. Ils allaient bientôt fermer. Tous ont où rentrer ce soir sauf elle. À moins que Mebrouka ait été touchée et veuille bien la prendre dans son service. Mais comment savoir ? Elle trouve le temps bien long et l'angoisse lui noue l'estomac. Elle a à peine touché au plat ... (À suivre ) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus : [email protected]