Les membres fédéraux dont le président de la fédération et deux femmes poursuivent de leur côté la grève de la faim qu'ils ont entamé le 6 mai dernier au siège du Snapap, à Dar El-Beïda. Après avoir épuisé vainement toutes les formes de protestation, la Fédération nationale des personnels de la justice, affiliée au Snapap, tente de faire pression sur la tutelle en paralysant à nouveau les tribunaux et autres instances judiciaires. Un appel à une grève de trois jours à compter d'aujourd'hui a été lancé hier par le syndicat autonome. “Le bureau national de la fédération appelle tous les fonctionnaires du secteur, greffiers et corps communs, à reprendre et durcir la protestation par trois jours de grève de la dignité à compter du 17 juin prochain”, note le communiqué de la fédération signé par le chargé des affaires sociales, M. Yahoui. Et de justifier ce nouvel appel par la nécessité de “dénoncer la politique de la terreur adoptée par le ministère de la Justice, briser l'impasse et parvenir à un dialogue en vue d'éviter le pire”. Cette action se veut être également “une forme de soutien et de solidarité” avec les grévistes de la faim qui refusent, en dépit de la dégradation de leur état de santé, de mettre fin à leur action. La fédération rappellera, à travers le même communiqué, les différentes actions entreprises par les syndicalistes en vue de sauver leurs collègues dont divers rassemblements à l'appel du comité de soutien des grévistes de la faim créé par le Snapap. Le dernier en date est celui tenu mercredi devant le tribunal d'Alger, au Ruisseau. Las d'être pourchassés par les forces de sécurité, des syndicalistes du secteur de la justice n'ont pas hésité à recourir à une astuce inédite pour éviter que leur énième sit-in ne soit vite réprimé. Ils se sont, en effet, enchaînés aux barreaux de l'entrée du tribunal d'Alger. Décidés à y rester pour un rassemblement ouvert, ils y ont été délogés de force par des policiers qui n'ont eu aucun scrupule à briser les chaînes. Quelques jours avant, soit le 6 juin dernier, le même groupe de contestataires tenait un sit-in ouvert devant la maison de la presse Tahar-Djaout pour s'assurer une large médiatisation de l'événement. Et ce fut le cas ! Mais ils y ont été chassés quelques jours après par des policiers qui les ont embarqués à la tombée de la nuit pour éviter les regards et les coups de flash. Ne sachant plus à quel saint se vouer pour éviter la répression et sauver les grévistes, le syndicat s'est donc tourné vers les fonctionnaires de la justice qui ont réussi un certain 10 avril 2012 à paralyser à 95% les cours et tribunaux de tout le territoire national pour rééditer cette prouesse à partir d'aujourd'hui. Mais rien n'est moins sûr car la pression exercée par la chancellerie sur les travailleurs, notamment par les décisions de mutation, de suspension et autres représailles rapportées par la fédération et le Snapap, les a dissuadés. Ils sont passés du camp de protestataires à celui de spectateurs ! M B