Les délégués du mouvement citoyen ont lancé, jeudi, un nouvel ultimatum au pouvoir. Deux préalables ont été remis au goût du jour. Le conclave s'est déroulé après des échauffourées entre coordinations. Réitérer la disponibilité du mouvement citoyen d'aller à la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, conditionnée par la satisfaction des incidences au nombre de six, comme arrêtées initialement à Raffour, au lieu des quatre comme décidé la semaine dernière : c'est ce qui a été d'emblée réaffirmé par les délégués des archs, au cours de la troisième séance du conclave de l'interwilayas qui s'est tenu, ce week-end, à l'expiration du deuxième délai accordé au pouvoir, au collège d'Azib-Ahmed dans la périphérie de la ville de Tizi Ouzou. Le mutisme observé jusque-là par le Chef du gouvernement Ouyahia, qu'il soit dicté par son échec dans sa tentative de ramener la Kabylie en rangs soudés à la table des négociations ou par sa satisfaction d'avoir fait éclater le mouvement citoyen, par son offre de dialogue, démontre, néanmoins, son manque de volonté de régler la crise de Kabylie, mais confirme surtout son objectif de la normalisation de cette région à l'approche de l'élection présidentielle. C'est dans cette logique même que les délégués, réunis en conclave interwilayas, ont décidé de se prononcer d'ores et déjà par le rejet systématique de l'élection présidentielle dans le cas où le pouvoir ne répondrait pas, le moment venu, à la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur. Une action qui sera suivie également par d'autres actions sur le terrain, telles que marches, meetings et sit-in devant les brigades de gendarmerie. Les délégués qui n'excluent toujours pas la possibilité de voir leurs conditions acceptées par le pouvoir et ladite mise en œuvre du document entamée, ont fixé les modalités techniques de cette mise en œuvre avant de débattre les deux incidences qui feront objet de dialogue avec le pouvoir, à savoir “la révocation des indus élus” et “l'amnistie fiscale couvrant la période des évènements de Kabylie”, pour lesquelles des modalités techniques doivent être fixées. Pour le premier point cité, les délégués exigent la révocation de tous les “indus élus” APC, APW et APN, des régions concernées par le rejet des dernières élections locales. Pour le second, une amnistie totale sera exigée au profit des commerçants soumis au régime forfaitaire, et des allégements fiscaux pouvant remédier aux manques à gagner des commerçants soumis au régime réel seront exigés. Il est à rappeler qu'outre ces deux dernières incidences où la coordination de l'interwilayas a lâché quelque peu du lest depuis la semaine dernière, avant de durcir de nouveau sa position, le mouvement citoyen semble toujours décidé à ne faire aucune concession sur les quatre premiers préalables déjà énoncés et pour lesquels le pouvoir n'a pas encore officiellement répondu. Ils consistent pour rappel à : “La libération de tous les détenus du mouvement citoyen”, “la levée de toutes les poursuites judiciaires” “la prise en charge du contentieux avec la Sonelgaz” et enfin “la réintégration des travailleurs licenciés dans le cadre du mouvement”. D'ailleurs, dans la déclaration finale arrêtée, hier, à Azib-Ahmed, la coordination de l'interwilayas des archs a tenu à affirmer que “le mouvement citoyen, tout en réitérant sa disponibilité à aller à la mise en œuvre de la plate-forme d'El-Kseur, constate que les représentants de l'Etat n'ont donné aucune suite officielle et concrète pour conforter leur profession de foi”. Et de conclure dans la même déclaration : “Le mouvement citoyen, résolu à poursuivre le combat pacifique jusqu'à la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur, réaffirme clairement sa position de principe de rejet de l'élection présidentielle tant que celle-ci n'est pas satisfaite pleinement et entièrement”. S. L.