Soucieux sans doute de rassurer une base, désorientée par sa participation au scrutin du 10 mai, mais aussi de chasser les soupçons que lui prêtent ses contestataires sur un “prétendu deal" avec une partie du pouvoir, le Front des forces socialistes (FFS) a appelé hier les “décideurs" à prendre des mesures politiques “urgentes", des mesures jugées “nécessaires". “Aujourd'hui, l'équation politique inédite issue de ce dernier scrutin est à évaluer sérieusement. Il est illusoire de penser que le score hégémonique du FLN est suffisant pour sortir des impasses du système ; il y a nécessité et urgence à prendre des mesures d'ouverture politique sérieuses", a affirmé à Alger le premier secrétaire du FFS, M. Ali Laskri, dans son intervention à l'ouverture des travaux de la session ordinaire du conseil national du parti. “N'ayez pas peur du changement ! Cessez de vous laisser guider par la peur du changement", a-t-il dit à l'adresse des “décideurs". En proie à une crise interne exacerbée au lendemain du scrutin, le FFS est la cible d'une campagne féroce, selon Laskri. “Tout s'explique avec le temps et le déroulement des évènements. Je vous demande de prendre la mesure et la vraie dimension de cette campagne contre le FFS. Par sa durée, son ampleur et la palette des intervenants, impliqués ou recrutés, le véritable objectif visé n'est pas une décision politique du parti (...), mais deux options apparemment contradictoires : réaliser une OPA sur le parti ou, en cas d'échec, travailler à sa destruction." La presse et les ex-dirigeants du parti, auteurs il y a quelques jours d'une déclaration publique où ils ont accusé la direction actuelle de “compromission avec le pouvoir", en prennent pour leur grade. “Oui, la direction du parti est prioritairement ciblée, le président lui-même n'est pas épargné. À la veille du cinquantenaire de l'Indépendance nationale, des janissaires de la plume dictent à coup d'éditoriaux où le mensonge factuel le dispute à l'impudeur et à l'impudence des commentaires, la nouvelle feuille de route à des “militants" félons pour salir le dernier des historiques, celui qui demeure un recours pour notre pays", affirme Laskri. “Après les assassinats par balles, d'aucuns tentent aujourd'hui l'assassinat par la plume ; cette presse-là a l'audace de se prétendre nationaliste, démocrate et, tenez-vous bien, indépendante !" Quant à ces “ex", ajoute-il encore, “en rupture avec le parti depuis une décennie, je les défie de quitter leur retraite dorée et de se présenter dans leurs fédérations. Ils auront ainsi l'occasion d'affronter les militants qui les ont portés et qu'ils ont honteusement abandonnés par la suite". Considérant être sorti “renforcé" de l'étape électorale, le FFS soutient “qu'il est aujourd'hui la pierre de touche de tout processus politique de réforme démocratique dans le pays, non seulement pour nos compatriotes, mais aussi pour la communauté internationale", affirme Laskri. Favorable à “un large consensus politique" autour de certaines valeurs, il a estimé, enfin, que le parti doit se “mettre en ordre" pour maintenir la dynamique politique et la mobilisation en perspective des prochaines échéances électorales. K K