Des centaines d'élèves du lycée d'enseignement Technique de Zaouch, situé du côté de la cité Boussouf à Constantine, ont assiégé, durant la matinée d'hier, le siège de la direction de l'éducation en signe de protestation contre l'assassinat d'un de leurs camarades. En effet, le jeune Oudina Soufiane, âgé de 18 ans et inscrit en 2e année sciences, a été assassiné à l'arme blanche, alors qu'il se trouvait devant le technicum, mercredi dernier. Hier, les camarades du défunt ont fermé les locaux de la direction de l'éducation, exigeant d'être reçus par le directeur de l'éducation. Ce dernier étant absent, les élèves furent finalement entendus par le secrétaire général de l'académie à qui ils ont soumis une série de revendications, dont la sécurisation du site et la prise de sanctions contre le directeur de l'établissement pour négligence. Les élèves que nous avons rencontrés au seuil de l'académie étaient furieux contre le silence observé par les autorités, face à la montée de la violence dans et aux alentours de leur établissement. Pour Ahmed,“il faut que Soufiane, Allah yarhmou, soit la dernière victime !” Son camarade, Réda, rappelle : “Déjà, l'année passée, un élève a été admis au service de réanimation dans un état comateux, après s'être interposé entre une collègue et des voyous qui tentaient de la violer et personne n'a bougé”. Un des enseignants, ayant requis l'anonymat, accuse : “Tout le monde est complice de la mort de Soufiane. Tout le monde savait que les alentours du lycée technique de Zaouch sont devenus un lieu de prédilection des dealers. Les élèves font l'objet quotidiennement de rackets et d'agressions et personne n'a bougé le petit doigt. Pourtant, les parents d'élèves n'ont jamais cessé de tirer la sonnette d'alarme.” Un riverain témoigne : “Chaque jour, des lycéennes font l'objet de tentatives de viol devant le lycée. Heureusement pour elles qu'il y a la solidarité entre les élèves et la présence de passants courageux.” Selon une source sécuritaire, l'auteur du crime, un jeune qui a le même âge que la victime, a été appréhendé, jeudi dernier, par les services de la police et présenté devant le procureur de la république. Cet acte de violence dans le milieu scolaire n'est pas isolé. Il y a quelques jours, c'est une jeune lycéenne, Belhiti Imane, qui a été victime d'une attaque au cocktail Molotov dans la cour du lycée Boudiaf, au Khroub. la jeune fille a été admise aux services des brûlés dans un état grave. Son père, le jour de l'agression, n'a pas mâché ses mots, accusant la direction de l'établissement et celle de l'éducation de laxisme. “Ils savaient que des jeunes menaçaient depuis longtemps les filles des pires représailles et ils n'ont pas pris leurs dispositions”, nous a-t-il confié, les larmes aux yeux. La violence dans et autour du milieu scolaire est une réalité à Constantine. En moins d'une semaine, Imane a été défigurée et Soufiane achevé à l'arme blanche devant son lycée. Dans les deux cas, le laxisme de l'administration est montré du doigt. M. K.