Les partis d'opposition soudanais ont annoncé s'être engagés à soutenir le mouvement de contestation populaire contre la hausse des prix et la politique du gouvernement et à intensifier la mobilisation pour mettre fin au système du parti unique. Réunis à Khartoum, 17 partis de l'opposition ainsi que des organisations non gouvernementales et des personnalités ont signé une charte en ce sens. L'objectif est de démanteler le régime du parti unique et d'obtenir un système pluripartite. Dans la coalition antigouvernementale, se trouvent le parti d'opposition Oumma, ainsi que le Congrès populaire de l'islamiste Hassan Al-Tourabi. Le mouvement de contestation populaire au Soudan a commencé le 16 juin à Khartoum avec une manifestation d'étudiants contre la hausse des prix des produits alimentaires. La contestation a pris de l'ampleur après l'annonce deux jours plus tard d'un plan d'austérité supprimant en particulier les subventions sur les carburants, dont les prix ont bondi de 50%. Un paradoxe, une provocation pour un pays producteur de pétrole ! Mais les partis d'opposition étaient restés discrets jusqu'à la semaine dernière et la mouvement de grogne contre le régime d'Omar El-Béchir marqué par une multiplication de petites manifestations, avec des slogans contre l'inflation et contre le gouvernement, d'abord dans de nombreux quartiers de la capitale puis d'autres villes du pays. Malgré la répression force, avec des centaines de blessés et au moins 2 000 arrestations depuis le début du mouvement, le mouvement a enflé au point où le Parti du Congrès national au pouvoir assurait en fin de semaine dernière que le parti restait prêt à dialoguer avec toutes les forces politiques, a annoncé l'agence officielle Suna. C'est que plusieurs partis signataires de la charte participent à l'actuel gouvernement. Le président Omar El-Béchir tente de calmer le jeu en appelant les partis à proposer une alternative plausible à son plan d'austérité au lieu d'appeler à manifester. Le président-général promet de conduire lui-même le printemps soudanais ! Les signataires de la charte ont, eux, donné rendez-vous à la population les vendredis pour des rassemblements pacifiques, après la prière. C'est la méthode choisie par tous les printemps arabes. Les signataires de la charte entendent former un gouvernement de coalition qui respecte “les normes internationales en matière de libertés civiques, qui ait des relations fraternelles avec le Soudan du Sud et qui réponde aux revendications des populations de la région du Darfour". Le président Béchir, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes contre l'humanité au Darfour, a assuré qu'il restait populaire dans son pays et que le mouvement de contestation actuel n'était pas comparable avec les révoltes du Printemps arabe. D. B/Agences