Magicien des sons, l'auteur-compositeur et interprète Hocine Boukella, alias cheikh Sidi Bémol, qui mêle rythmiques berbéro-arabo-africaines, blues, musique pop et celtique, continue à métisser les répertoires. Le public a eu à le vérifier, avant-hier, lors de la soirée de clôture de la 10e édition du Festival de la chanson amazigh de Béjaïa, initié par le comité des fêtes de la ville de Béjaïa. Cheikh Sidi Bémol a fait monter sur scène une troupe targuie avec laquelle il a interprété El-Goumari. Le public béjaoui ne s'est pas trompé, et happé par le style “décalé, iconoclaste" de leur idole, il a patiemment attendu l'entrée sur scène du compositeur, guitariste et chanteur, accompagné pour la circonstance d'un orchestre digne des grands groupes pop, comme on les aimait dans ce Bougie des années 1970 et 1980. Même Abdelhak Ziani, qu'on appelle dans le milieu artistique béjaoui “Bihik", s'est formidablement intégré au groupe, qu'il a rejoint en milieu de soirée pour y jouer de la percussion. Rassuré par la prestation de ses musiciens avec lesquels il était en harmonie, cheikh Sidi Bémol s'est lâché au grand bonheur du public, juvénile essentiellement, mais aussi des amoureux de la belle musique et de la bonne poésie. La maîtrise était parfaite. Malgré l'heure tardive, les familles avec des enfants en bas âge ont quitté la mort dans l'âme le stade scolaire, qui a abrité ce concert à la fois unique et multiple. En harmonie aussi avec son public, avec lequel il avait une évidente complicité, Hocine Boukella devançait ses admirateurs en annonçant d'emblée le titre de la chanson : Blues Bouzenzel, La faute diali, Wach Eddani, Safina, etc. Ce qui est remarquable, c'est que le public n'a eu à débourser aucun centime pour assister à un concert d'un des plus grands noms de la musique algérienne de ces dix dernières années. C'est le comité des fêtes de la ville de Béjaïa qui prend en charge tout le volet financier. Et quand on sait que le cachet de cet artiste est vraiment modeste -son engagement et son amour du pays prime sur tout le reste-, on ne peut qu'être en admiration. Chapeau bas, Monsieur l'artiste ! M O