Le chef de la diplomatie française est attendu demain à Alger pour une visite d'une journée. Officiellement, cette visite devrait préparer l'agenda de la visite du président Hollande, mais d'ores et déjà, les deux parties se rendent compte de la difficulté d'établir des relations “apaisées", tellement les divergences restent grandes et les intérêts diamétralement opposés. Le chef de la diplomatie française aura certainement à cœur de discuter avec son homologue algérien de la crise malienne. La récente sortie de Laurent Fabius, appelant à une action militaire au nord du Mali, est mal perçue par Alger. Le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, a réitéré, à partir de Nouakchott, la position algérienne pour une solution politique à la crise malienne qui serait l'œuvre des Maliens eux-mêmes. Paris plaide pour une action militaire au nord du Mali, laquelle devrait être exécutée par des pays tiers. Pour des raisons historiques, Paris voudrait, donc, sous-traiter son intervention dans son ancienne colonie. La venue de Laurent Fabius sera une occasion de plus pour faire pression sur Alger en vue de l'amener à accepter l'option militaire au Mali. Mais le chef de la diplomatie française aura comme plateau de bienvenue une revendication algérienne, réitérée chaque fois, celle relative au passé colonial. Comme ce fut le cas à la veille de la visite de Nicolas Sarkozy, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, est revenu à la charge la semaine dernière pour demander la criminalisation de la colonisation. Le nouveau président français avait laissé entendre durant sa campagne électorale qu'il se démarquait de la position de son prédécesseur. À Alger, on attend de voir jusqu'où cette démarcation pourrait-elle aller ? Car, en matière de gestion des printemps arabes et de la crise malienne, force est de constater que rien n'a changé dans la politique étrangère française. Mais, au-delà de ces deux sujets de discorde, beaucoup de points de divergence continuent à polluer les relations algéro-françaises, à commencer par la perpétuelle question de circulation des personnes et le traitement réservé à la communauté algérienne établie en France. Pour le reste, c'est-à-dire l'économie, on préfère les déclarations de bonne intention aux choses concrètes. Le feuilleton de l'usine Renault est, à lui seul, une illustration des hésitations françaises d'aller vers un réel partenariat, privilégiant garder le statut de premier fournisseur de l'Algérie. La visite de Laurent Fabius en Algérie devrait permettre de préparer un agenda de la visite du président François Hollande. Mais difficile d'y parvenir, sans évoquer les sujets qui fâchent. Le nouveau locataire du palais de l'Elysée ne devrait pas venir les mains vides à Alger. Sa visite devrait être annonciatrice de gestes forts. Mais l'on ignore si François Hollande pourrait avancer sur des sujets aussi sensibles que ceux de l'histoire commune aux deux peuples, ou s'il peut faire plus que son prédécesseur en matière de coopération économique. La fermeture annoncée de sites de production automobile en France agite actuellement toute la classe politique et toute la société française. En pleine crise économique, la France a-t-elle réellement l'intention d'investir ailleurs ? Idem pour le dossier de la circulation des personnes où la France, en plus de ses engagements vis-à-vis des pays de l'espace Schengen, est en mauvaise posture, en raison de la montée en flèche de l'extrême droite. Crise économique oblige, les ressentiments à l'égard des étrangers refont surface un peu partout dans les pays occidentaux. Reste à savoir si le nouvel Exécutif français va relancer l'idée de la révision de l'accord bilatéral sur la circulation des personnes signé en 1968. A B