Pour sa première visite en Algérie, le nouveau chef de la diplomatie française a fait montre de sa volonté de “donner un nouvel élan" au partenariat d'exception que l'Algérie et la France appellent de leurs vœux. Laurent Fabius, qui a martelé qu'il aimait l'Algérie, est surtout venu pour préparer la visite du président français, François Hollande, prévue avant fin 2012. Une visite qu'il voudrait concrète et porteuse d'avancées palpables.Dimanche, tard dans la soirée, à Djenane El-Mithaq, le chef de la diplomatie française a qualifié ses entretiens avec son homologue algérien de “faciles et utiles". Selon Mourad Medelci, “certains progrès ont été enregistrés". Les deux parties ont convenu de mettre en place un comité commun pour prendre en charge la question des archives. Elles ont décidé de finaliser certains accords économiques restés en suspens, que ce soit dans le domaine automobile, du médicament, des matériaux de construction ou encore du partenariat entre PME algériennes et françaises. Tout en enregistrant un léger mieux en ce qui concerne la circulation des personnes, “des progrès restent à faire", estimera le chef de la diplomatie algérienne. Les deux parties ont convenu de préparer un nouvel accord-cadre qui, devant s'étaler jusqu'en 2016, prendrait en compte tous les projets de partenariat et devrait être finalisé au plus tard fin octobre, afin de le ratifier à l'occasion de la visite de François Hollande en Algérie. Sur la question des essais nucléaires, il a été décidé d'un travail conjoint pour identifier les zones à risque. Pour M. Medelci, “c'est un pas important, mais pas suffisant", appelant à réhabiliter les victimes algériennes des essais nucléaires français. Abordant la situation au nord du Mali, Mourad Medelci dira que “nous avons la même clé d'analyse et les mêmes objectifs. L'unité du Mali doit être préservée. La lutte antiterroriste doit se poursuivre". Laurent Fabius a tenu à rectifier le tir au sujet d'une probable divergence avec Alger sur le sujet. “On a voulu faire croire qu'il y avait opposition entre les positions de l'Algérie et de la France au sujet du Mali. Celle de l'Algérie est présentée comme angélique et celle de la France comme guerrière." Pour lui, “il faut parvenir à conforter la base constitutionnelle du gouvernement de Bamako, que ce gouvernement puisse assurer l'intégrité du territoire du Mali, tout en engageant un dialogue avec tous les acteurs. En plus, il faudra traiter la question du terrorisme". Plus explicite, Mourad Medelci dira que “l'Algérie n'a jamais eu la prétention de détenir seule la clé du conflit malien". Toutefois, “l'Algérie n'exclut aucune hypothèse pour trouver une solution à la crise malienne. L'option militaire, tout de suite, n'est pas la bonne solution. Elle s'imposera, peut-être. Il n'y a pas de divergence entre les positions algérienne et française". Pour revenir à la coopération bilatérale, M. Fabius citera la ratification par le nouveau gouvernement français d'un accord de coopération dans le domaine de la défense qui date de 2008. Il indiquera que le ministre de l'Intérieur se rendra en Algérie pour débattre des sujets en suspens concernant la circulation des personnes. Concernant l'accord de 1968, Mourad Medelci a renouvelé la position algérienne, estimant que cet accord est “un segment important de notre partenariat d'exception" et qu'“aujourd'hui, ce segment est sauvegardé". Evoquant la mission de Jean-Pierre Raffarin, Laurent Fabius a estimé que ce dernier était toujours le bienvenu. Toutefois, il s'est voulu réaliste, notamment au sujet du projet de Renault en Algérie. “Est-ce qu'il s'agit d'un investissement destiné au marché algérien, d'un projet gagnant-gagnant ? Ou est-ce que c'est un investissement qui va concurrencer ce qui est produit en France ? Le critère sera celui-là", dit-il. A B